Franz-Olivier Giesbert a lu “Le suicide Français” d’Eric Zemmour. Il l’appelle à faire « la grève de la haine de soi » dans éditorial sur la “panique identitaire”.
Comme tous les idéologues, il est sourd au monde. Ce qui ne l’empêche pas de surfer sur la vague avec sa doxa maurrasso-gauchiste ou lepéno-marxiste, comme on voudra.
Dans la vie d’une personne ou d’un pays, il est des moments où tout semble toucher le fond. C’est le cas de notre cher et vieux pays, ces jours-ci. Les chiffres de l’économie, les cotes de popularité de l’exécutif, les coups bas entre amis, rien ne va plus, tout le monde descend.
Du bon pain pour Éric Zemmour. Le succès phénoménal de son livre “Le suicide français” mérite qu’on s’y arrête sans esprit polémique pour comprendre de quoi il est précisément le symptôme. De la lepénisation des têtes ? Du déclin économique et spirituel de la nation ?
Il sera beaucoup pardonné à Éric Zemmour pour avoir souvent célébré le général de Gaulle au fil de son requiem pour une nation défunte. Mais sa parenté intellectuelle avec le vichyste Charles Maurras est évidente. Comme l’illustre penseur de l’extrême droite du siècle dernier, il est obsédé par l'”anti-France” qui précipiterait notre décadence, et ne jure que par le “nationalisme intégral”.
C’est aussi un disciple de Maurice Barrès, qui disait en pleine affaire Dreyfus : “L’âme française, l’intégrité française est aujourd’hui insultée et compromise au profit d’étrangers, par l’infâme machination d’autres étrangers, grâce à la complicité de demi-intellectuels, dénationalisés par une demi-culture.” […]
N’en déplaise à Poutine, Erdogan ou Zemmour, l’avenir du monde n’est pas nécessairement dans le repli identitaire ou la rétractation narcissique. Tous ceux qui ont lu Éric Zemmour devraient se précipiter sur « La panique identitaire » de Joseph Macé-Scaron son jubilatoire contre-poison : voilà un livre qui fait du bien. […]