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Les aspirations écologiques des nouvelles populations urbaines rendent nécessaire une réflexion sur le partage entre la densification urbanistique et le développement durable grâce au recours aux nouvelles technologies.

Le Corbusier affirmait déjà en 1943 que les villes ne répondaient plus à leur destinée qui était de satisfaire aux besoins primordiaux biologiques et psychologiques de leur population.

Soixante-dix ans plus tard, force est de constater que les habitants des grandes agglomérations ne se satisfont plus de cet objectif primaire, mais aspirent à des villes qui soient capables de les émouvoir par des défis urbanistiques, tout en étant écologiquement labellisées et intégrant complètement les facilités issues de l’ère numérique.

De nouvelles exigences urbanistiques

Les grandes cités rivalisent au niveau architectural en construisant des bureaux, hôtels et habitats au design toujours plus impressionnant, tout en composant avec les contraintes inhérentes, par l’utilisation de matériaux innovants, défiant les perceptions archaïques de l’urbanisme tel que nous l’avons connu peu ou prou jusqu’à maintenant.

Ainsi, les rues parisiennes en sont encore au modèle haussmannien, qui, faut-il le souligner, fut conçu afin de faciliter la circulation en général des carrosses et chevaux, en particulier les forces de l’ordre… Elles engendrent aujourd’hui de nombreux embouteillages, donc pollution, et accidents.

Il est intéressant de noter que l’avancée technologique et le développement fulgurant des flux de communication numérique des dernières années n’ont que très peu de répercussions sur la forme physique de la capitale.

Aussi, la récente modification du plan local d’urbanisme de Paris, qui traite de points évidents, et indispensables, comme la création de 100 hectares de toitures et façades végétalisées d’ici 2020, la réduction de 25 % des émissions afin de réduire la température de la capitale, ou encore l’amélioration du stationnement urbain pour les usagers, doit tenir compte de fortes contraintes.

Cependant, il ne faut pas oublier qu’une réorganisation en profondeur et de conception globale de l’urbanisme est indispensable pour la réussite des villes de demain.

L’aspiration écologique

L’aspiration écologique des Parisiens, comme ils l’ont montré récemment en plébiscitant les projets pour leur ville, devrait conduire à ce que les vélos deviennent partie intégrante d’une solution afin de lutter contre la pollution urbaine, en prenant exemple sur le modèle danois, où 55 % de la population va au travail et a l’université à vélo, ce qui devrait permettre à la capitale, Copenhague, d’atteindre d’ici 2025 son objectif “carbon-free”.

Pour cela, il est indispensable d’avoir la volonté politique de lancer un véritable chantier de modification des trottoirs et de sens de circulation des rues, pour obtenir une vision globale des modes de déplacements doux et créer une cartographie réaliste de la ville permettant aux vélos de se déplacer sur tout un trajet et non par tronçons créant de l’insécurité.

Les passages piétons, source majeure d’accidents, devraient muter afin de devenir plus visibles, soit en installant des LED au sol, en utilisant une peinture phosphorescente pour les marquages au sol (comme imaginé par le studio Roosegaarde and Heijmans Infrastructure) capable de renvoyer jusqu’à 10 heures de luminosité la nuit, ou encore en changeant radicalement le visuel des intersections.

Le studio californien Ogrydziak Prillinger Architects a ainsi conceptualisé des peintures au motif noir et blanc fortement contrasté tout en créant, de par un relèvement d’une partie du trottoir, un effet barrière aux intersections des rues, afin de protéger les piétons…

En outre, la volonté, politique de créer un nouveau parc de logements en construisant sur les friches urbaines, contredit le désire de renforcer les espaces verts, de “préserver et encourager la végétalisation des espaces libres“, selon le projet de modification du PLU, bétonnant ainsi, par exemple, plus de 14.000 mètres carrés au bout de la Coulée verte de la Porte d’Auteuil.

Énergie solaire, toitures végétales et innovations technologiques

Des villes entières fonctionnent uniquement grâce à l’énergie solaire, comme la cité Fujisawa SST au Japon. L’utilisation d’éoliennes a déjà fait ses preuves en Californie, les turbines produisant assez d’électricité pour alimenter San Francisco.

Les toitures végétales et le rucher du jardin du Luxembourg constituent un début modeste de prise en compte de l’écologie urbaine, qui ne font que souligner la nécessité d’accélérer l’investissement dans le domaine des énergies durables.

En outre, l’intégration des TIC dans la vie de tous les jours ne devrait pas se résumer à voir vainement l’avenir à proche, mais envisager les possibilités offertes par les technologies en développement actuellement. À l’heure où Paris en est encore aux panneaux d’information alphanumériques, Dubaï teste l’utilisation de drones afin de prévenir les habitants de potentielles modifications climatiques importantes.

Le futur quartier à usage mixte de Hudson Yards à Manhattan prévoit de suivre en direct la qualité de l’air, l’usage d’électricité, la gestion des déchets, et d’en répercuter les résultats sur les buildings. Les appartements intégreront des capteurs afin de suivre les la santé des habitants et ainsi leur envoyer leurs données sur leurs Smartphones, sans collecter les données personnelles sur quelque serveur que ce soit…

Finalement, il est tout à fait possible de créer un espace urbain adapté de manière organique à la vie d’aujourd’hui et aux technologies d’ores et déjà disponibles. Tout cela ne sera possible que grâce à une réelle volonté politique qui devrait permettre de dire : “la ville de demain, c’est maintenant“.

Les Échos

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