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Libération revient sur les propos polémiques de la chanteuse Zaz sur l’occupation. L’article rappelle cependant que, récemment, elle “s’en prenait avec vigueur au Front national”

Dans une interview postée le 11 novembre (une date fort mal choisie) sur le sitePurecharts, Zaz, dont le disque Paris vient de paraître, affirme:

«A Paris, sous l’occupation, il y avait une forme de légèreté. On chantait la liberté alors qu’on ne l’était pas totalement.»

Au-delà de la litote déplacée du «pas totalement», le propos est révoltant. S’il y avait de la légèreté dans la capitale occupée par l’armée allemande, ce n’était certainement pas du côté des porteurs de l’étoile jaune. Légèreté n’est pas non plus le terme qui convient pour définir le climat de délation et de suspicion qui régnait alors. Dans un contexte de pénurie alimentaire et énergétique, de rationnement et de couvre-feu, seule une partie infime des Parisiens menait une vie «légère» et insouciante. […]

La légèreté, c’est ce qui fut reproché, à la Libération, aux artistes qui avaient continué à travailler dans le Paris occupé. Ceux qui, comme Edith Piaf, Charles Trénet, Léo Marjane et bien d’autres, ont chanté devant des parterres d’uniformes vert-de-gris. Des auteurs dramatiques comme Sacha Guitry qui, les soirs de première, accueillaient avec effusion des amis des lettres dont la poitrine s’ornait d’une croix de fer. Les procès de l’épuration en accablèrent certains et en épargnèrent d’autres, mais la majorité de ces artistes dut répondre devant la justice de cette «légèreté» rebaptisée «intelligence avec l’ennemi».

Zaz n’est pas suspecte de sympathies pour l’extrême droite. Quelques jours auparavant, sur le site Metronews, elle s’en prenait avec vigueur au Front national. Mais ses propos maladroits interviennent au moment où le livre du polémiste Eric Zemmour, qui défend l’imposture historique d’un maréchal Pétain sauveur de juifs, caracole en tête des ventes. Peu à peu, à mesure que les témoins disparaissent, une forme d’amnésie s’installe. Rappelons simplement à Zaz, artiste populaire et estimable, que pour une chanteuse, rien n’est plus dommageable qu’un trou de mémoire.

Libération

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