Extraits de l’éditorial du Monde sur l’arrêt adopté mercredi 12 novembre au Luxembourg par la Cour de justice européenne contre le « tourisme social ».
Il est rare de se réjouir d’une décision qui ne change rien. S’il ne fait que confirmer les lois européennes existantes, et leur transposition nationale, l’arrêt adopté mercredi 12 novembre au Luxembourg par la Cour de justice européenne contre le « tourisme social » revêt une grande importance politique dans une Europe confrontée à la montée des populismes et des extrêmes. Il tombe à pic dans la bagarre suscitée par ce thème sensible, comme si les juges avaient voulu donner leur lecture des textes déjà en vigueur pour canaliser les fantasmes.
Cet arrêt n’est en rien un réconfort pour David Cameron, qui, lui, conteste ce droit, qui est un fondement de la construction européenne : l’Angleterre conservatrice veut bien des travailleurs polonais pendant les booms économiques, mais n’en veut plus en période de chômage.
Et contrairement à ce que s’est empressé d’affirmer le Front national, elle ne légitime en aucune manière une quelconque “préférence nationale”. Les extrêmes n’ont rien gagné à cette décision. Au contraires. Les juges, par leur décision, ont coupé court aux fantasmes sur le “tourisme social” et contribué à sauver la libre circulation dans l’espace européen.