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Après la nomination d’Adolf Hitler à la chancellerie de l’Allemagne en janvier 1933, la France doit faire face à l’afflux de réfugiés sur son territoire, parmi lesquels de nombreux juifs. Le monde du travail s’émeut, redoutant la concurrence sur un marché de l’emploi tendu, et une vague de xénophobie s’empare de l’opinion publique. Il y aurait ainsi, d’après la police, près de 10 000 réfugiés dans le seul département de la Seine en octobre 1933. Sous la pression conjuguée du patronat, des syndicats et des chambres de commerce, le gouvernement finit par prendre des mesures afin de restreindre le nombre d’arrivants.

Cette poussée de xénophobie teintée d’antisémitisme est au cœur des préoccupations des cadres de la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA, actuelle LICRA), la première organisation antiraciste française fondée à la fin des années 1920. Pour cette organisation fortement ancrée à gauche, les élans du cœur ne doivent pas suppléer l’analyse froide de la situation. Dans un rapport sur le sujet publié en 1933, Pierre Paraf, futur président du MRAP dans l’après-guerre, invite ainsi à la retenue : « Il ne faut pas donner l’impression à notre peuple que des réfugiés allemands viennent prendre la place des travailleurs français. Donc patience et prudence pour la demande des cartes de travail. » (Le Droit de Vivre, journal de la LICA, mai 1933). Un autre cadre de la ligue témoigne de sa réceptivité aux inquiétudes qui émanent de certains milieux syndicaux : « Il est entendu qu’il faut se servir des Allemands. Il ne faut s’en servir que pour autant que leur compétence nous le permet et pour autant qu’ils ne gênent pas la main d’œuvre française. » (DDV, juin 1933).

(…) Pierre Paraf parle de « rationalisation de l’afflux des réfugiés allemands » : il est impératif qu’ils soient assimilables par l’économie française. Dans un autre article, il se montre plus explicite encore : « Lorsque nous leur chercherons du travail, que ce soit avec la ferme intention de ne jamais priver un seul français de son gagne-pain, de prévenir, en accord avec les organisations syndicales, tout dumping social, quel qu’il soit » (DDV, juillet-août 1933).

(…) Antriracisme

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