Extraits d’une tribune de Jean-Luc Marret, maître de recherche à la Fondation de la Recherche stratégique, sur les Français partis faire le djihad : “Les djihadistes, enfants terribles d’une République qui se délite” ?
Si on se voulait provocateur, on dirait que le djihadisme est désormais une composante à part entière de la société française. C’est même une production nationale qui s’exporte.
Et si le pire n’est pas toujours à craindre, il est toutefois préférable de l’envisager : que se passerait-il en France (et en Europe) si, un jour, l’équivalent des événements syriens se déroulaient dans un pays plus proche et dont nous abriterions une forte diaspora ? Un cauchemar.
Une des questions est maintenant de savoir si le nombre de candidats français au djihad en Syrie va continuer de s’accroître et jusqu’à quel niveau. Personne ne le sait. […]
Près de 80% des ressortissants français partis qui vont en Syrie sont issus de l’immigration. Des voix ne manqueront pas de s’élever à ce propos pour affirmer : “C’est l’islam!”. Nous ne devrions pas avoir peur d’un tel discours. Ce n’est ni politiquement correct ni naïf de dire que l’islam est une religion de paix. Ceci est vrai pour le rite malékite [une des quatre école juridique du sunnisme], souvent pratiqué par nos concitoyens.
Il y a malheureusement des centaines de facteurs explicatifs, possibles ou probables, qui agissent ensemble. Toutes les explications simples sont fausses et incomplètes. Certes, elles rassurent, mais elles aveuglent aussi. […]
L’Etat semble aussi avoir renoncé par conviction à assoupir les possibilités de déchéance de la double nationalité (qui aurait pourtant le mérité, certes, cynique, d’externaliser les problèmes), tout comme la suspension des revenus sociaux, alors que plusieurs exemples montrent que les organisations terroristes les utilisent parfois comme une source de financement. Le gouvernement semble enfin réservé quant à l’emploi d’interdiction de retour sur le territoire national que favorisent d’autres pays. Un gouvernement de droite aurait certainement pris ces dispositions./ […].
Il est bien possible que nous en soyons là, chez nous, à défaut de France et de République, à défaut d’avoir proposé et su faire accepter à tous ces jeunes un idéal patriotique français et républicain actif, assumé et valorisant.