Un de nos Observateurs a pu enregistrer en secret une conversation au cours de laquelle un trafiquant installé en Turquie explique comment sont organisés les passages de migrants vers l’Europe. Une description aussi cynique que détaillée de ces voyages à très hauts risques.
“Actuellement, environ 80 % de nos clients sont Syriens. Les autres sont Irakiens, Iraniens ou Afghans. Ils ont rarement une destination précise en tête. On les emmène en Italie ou en Autriche, et ils peuvent ensuite décider de se rendre dans un autre pays, en se débrouillant. […]
Il est possible de quitter la Turquie par voie maritime, aérienne ou terrestre. Quand les migrants choisissent la voie maritime, ils rejoignent alors la Grèce. Le moyen le moins cher de quitter la Turquie reste la voie terrestre. […]
Les passeurs emmènent généralement leurs clients en Italie et en Autriche. Ensuite, c’est à eux de voir comment ils veulent continuer leur voyage. S’ils ont une destination spécifique en tête, ils peuvent être prêts à dépenser beaucoup d’argent en allant directement à l’aéroport, car s’ils voyagent par voie terrestre, le risque pour eux de se faire arrêter est plus important. Et une fois qu’ils sont arrêtés, ils n’ont qu’une solution pour rester dans le pays où ils se trouvent c’est demander l’asile politique. […]”
L’an dernier, les autorités italiennes ont sauvé au moins 150 000 migrants en Méditerranée, via le programme “Mare Nostrum”. Elles ont toutefois décidé d’y mettre fin à l’automne 2014, faute de soutien de la part d’autres pays européens. Une initiative européenne était censée le remplacer, mais celle-ci semble compromise après le refus du Royaume-Uni d’y participer. Le ministère britannique des Affaires étrangères a déclaré que le programme envisagé encouragerait les migrants à prendre davantage de risques pour tenter la traversée. Au moins 2 500 migrants sont morts en mer depuis le début de l’année.