Plus de 2000 mètres carrés de publicités vont disparaitre des rues de Grenoble. La municipalité veut en outre privilégier les petits commerces face aux géants.
«En raison de l’effondrement des recettes publicitaires traditionnelles, avec la concurrence notamment d’internet, la redevance à laquelle on pouvait s’attendre, en cas de nouveau contrat, n’était que 150.000 euros et non plus de 600.000 euros comme c’était le cas entre 2004 et 2014»
En saisissant l’opportunité de ne pas reconduire son contrat avec le groupe d’affichage et de mobilier urbain JCDecaux, Grenoble a décidé de bannir les panneaux publicitaires dans ses rues, pour les remplacer notamment par des arbres.
C’est là une promesse de campagne et une première en Europe mise en place par le nouveau maire écologiste Eric Piolle.
Pas de nouvel appel d’offre
«La municipalité fait le choix de libérer l’espace public grenoblois de la publicité en développant les espaces d’expression publique et ne lance pas de nouvel appel d’offre pour de l’affichage publicitaire», indique la mairie dans un dossier de presse publié dimanche.
Entre janvier et avril 2015, 326 panneaux publicitaires seront ainsi déboulonnés par le groupe JCDecaux, dont 227 «sucettes» (de moins de 2 mètres de haut), 20 colonnes, et 64 grands panneaux de 8 mètres carrés.
Au total, 2051 mètres carrés de panneaux publicitaires disparaîtront définitivement de l’espace public grenoblois. Les espaces sur les abribus ne sont en revanche pas concernés dans l’immédiat, le contrat signé entre JCDecaux et le syndicat mixte des transports en commun (SMTC) de l’agglomération grenobloise ne prenant fin qu’en 2019.
De meilleurs emplacements
A la place des panneaux démontés, la métropole rhône-alpine de 160.000 habitants promet de planter «une cinquantaine de jeunes arbres avant le printemps».
Et à partir de janvier, la municipalité devrait également rencontrer les acteurs locaux (associations, acteurs culturels) pour «convenir avec eux des meilleurs lieux d’implantation du futur dispositif» qui sera consacré à l’affichage libre, culturel et municipal. Ces nouveaux affichages seront de dimension plus petites «non plus à la seule attention des automobilistes, mais aussi à celle des piétons», indique à l’AFP Lucille Lheureux, adjointe en charge des espaces publics de Grenoble
«Les premiers panneaux sont arrivés à Grenoble en 1976! C’est un modèle obsolète et en bout de course qui ne correspond plus aux attentes des habitants, qui souhaitent se réapproprier l’espace public», estime Lucille Lheureux.
Autre avantage, la pression publicitaire des «grands groupes», qui eux-seuls peuvent s’offrir ces coûteuses campagnes d’affichage, disparaîtra au profit des commerces de proximité, qui auront ainsi plus de visibilité, selon elle.
Avec la fin de ce contrat, «la ville se prive de 6 millions de redevance sur 10 ans», soit 600.000 euros par an. «Et elle prive aussi ses habitants d’un service d’information, puisque la moitié des panneaux servait à de l’affichage de la municipalité», a pour sa part déclaré dimanche à l’AFP le directeur Stratégie, Études et marketing de JCDecaux, Albert Asseraf.
Des chiffres toutefois contestés par la mairie de Grenoble: «en raison de l’effondrement des recettes publicitaires traditionnelles, avec la concurrence notamment d’internet, la redevance à laquelle on pouvait s’attendre, en cas de nouveau contrat, n’était que 150.000 euros et non plus de 600.000 euros comme c’était le cas entre 2004 et 2014», assure Lucille Lheureux.
Un montant que la mairie a «déjà économisé sur les frais de protocole et la baisse des indemnités des élus. Le pas était donc bien facile à franchir!», ajoute cette dernière.
Cette annonce, qui était une promesse de campagne de l’élu EELV Eric Piolle lors des dernières municipales, est «une première européenne pour une grande ville», selon la mairie.
«Le maire de Grenoble reprend l’une des propositions phares de Paysages de France», s’est félicitée l’association grenobloise de lutte contre la pollution visuelle, notant «une victoire symbolique importante».
Dans son communiqué, elle a rappelé qu’Eric Piolle avait appelé en février dernier, à soutenir son opération «Pas de pub, des arbres», durant la campagne des élections municipales.
Seul précédent connu à ce jour, la ville de São Paulo au Brésil, qui en 2007 avait décidé d’interdire la publicité omniprésente et intempestive sur ses murs, avant de faire machine arrière.
Ironie de l’histoire, la capitale économique du Brésil a depuis réintroduit l’affichage en signant en 2012 un contrat avec JCDecaux pour la mise en place de 1.000 horloges qui doivent donner aux citadins l’heure, la température, la qualité de l’air et des informations municipales.
(Merci à Pierre)