Le pape François a exhorté vendredi la Turquie musulmane à montrer l’exemple du “dialogue interreligieux” pour endiguer le fondamentalisme islamiste à ses frontières, devant son président Recep Tayyip Erdogan qui a, lui, dénoncé “l’islamophobie” croissante du monde occidental.
“Nous regardons le monde avec les mêmes valeurs. Nos vues sont identiques sur la violence”, a assuré Recep Tayyip Erdogan.
La communauté chrétienne de Turquie ne regroupe plus aujourd’hui que 80 000 personnes dans un océan de plus de 75 millions de musulmans, pour l’essentiel sunnites. Les Chrétiens, tolérés, ne sont toujours pas reconnus juridiquement comme une communauté à part entière.
Dès le premier discours de sa visite, le souverain pontife s’est posé devant son hôte islamo-conservateur en défenseur du dialogue entre les religions et des chrétiens victimes de “graves persécutions” par les jihadistes en Irak et en Syrie. La Turquie a vocation à être “un pont naturel entre deux continents et des expressions culturelles différentes“, a estimé la pape argentin, 77 ans, “une contribution importante peut venir du dialogue interreligieux et interculturel, de manière à bannir toute forme de fondamentalisme et de terrorisme“. François a insisté devant les autorités turques sur le rôle particulier que pouvait jouer leur pays, “pont naturel entre deux continents et des expressions culturelles différentes“. […]
S’il a fermement condamné les organisations extrémistes telles que le groupe Etat islamique (EI) ou el-Qaëda, M. Erdogan a expliqué leur progression parce que leurs jeunes recrues “ont été discriminées et victimes de politiques incorrectes“. L’homme fort de Turquie a également dénoncé le “double discours” occidental sur le terrorisme, fustigeant notamment le “terrorisme d’Etat” à l’œuvre en Syrie ou en Israël. […]
Mais, fidèle à son discours habituel, M. Erdogan a poursuivi par une longue sortie contre la progression de l’islamophobie dans le monde occidental. “Les préjugés se développent entre les mondes musulman et chrétien. L’islamophobie monte sérieusement et rapidement. Nous devons oeuvrer ensemble contre les menaces qui pèsent sur notre planète: l’intolérance, le racisme et les discriminations“, a-t-il dit. […]