Tribune de Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, dans Libération.
Le gouvernement présente une réforme ambitieuse de l’asile, dont la discussion a déjà débuté en commission des lois de l’Assemblée nationale. Pourquoi ?
Parce que l’asile fait partie des valeurs fondamentales de la République et que son exercice est concrètement menacé. Nous devons, plus que jamais, le défendre.
Depuis plus de deux siècles, la France a accueilli tour à tour les patriotes italiens et polonais, les Arméniens et les juifs persécutés, les résistants antifascistes et les républicains espagnols, les dissidents soviétiques fuyant le Goulag et les boat-people. Henri Troyat, Marc Chagall, Henri Verneuil, Maria Casarès, Miguel Angel Estrella, Rudolf Noureev, Yilmaz Güney, Atiq Rahimi, figurent ainsi, parmi tant et tant d’autres, au nombre des réfugiés qui ont trouvé asile au sein de notre pays.
Son premier objectif consiste à réduire à neuf mois la durée moyenne d’examen d’une demande. […]
D’autre part, la République n’accueille pas comme elle le devrait tous les demandeurs. […] Cet hébergement sera désormais directif, afin d’éviter que trop de demandeurs ne convergent en même temps vers un même point du territoire. La région parisienne et la région lyonnaise concentrent en effet aujourd’hui plus de la moitié des demandeurs. […]
Enfin, la loi a pour troisième objectif de renforcer les droits des demandeurs d’asile. On sait que des filières d’immigration clandestine tentent de tirer profit des lenteurs de notre système. La lutte résolue contre ceux qui abusent de notre système ne doit pas pour autant nourrir des soupçons contre la masse des réfugiés. C’est pourquoi cette loi garantit à chaque demandeur d’asile le droit d’accéder à un recours suspensif. Elle lui permettra de bénéficier, à l’Ofpra, d’un conseil de son choix. Elle lui assurera enfin le bénéfice de l’aide juridictionnelle de plein droit.
Avec l’amélioration de nos dispositifs d’intégration, l’accueil des étudiants et talents étrangers, la lutte contre les filières d’immigration clandestine, l’asile constitue aujourd’hui l’un des quatre volets de notre politique vis-à-vis des étrangers en France. […]