Le projet d’une éco-ville au cœur de la Chine mise sur l’écologie et le développement durable. Mais les habitants ne sont pas encore au rendez-vous.
Située au nord de la Chine, la ville de Tianjin construit depuis 2007 un éco-quartier à l’extérieur de l’agglomération. Le projet est le fruit d’un accord entre Singapour et les autorités chinoises qui ont, à eux deux, dépensé plus de 6,5 milliards de dollars. La philosophie du quartier se résume en trois “harmonies” selon les concepteurs : faire en sorte que les habitants vivent en harmonie entre eux, avec l’économie et avec l’environnement.
D’une superficie équivalente à la moitié de Manhattan le quartier semble très ambitieux. D’autant que les objectifs apparaissent contraignants puisqu’ils associent à la fois le social, l’écologie et l’économie. Mais l’accent est particulièrement mis sur le traitement des déchets et la pollution. Deux enjeux de taille dans un des pays les plus pollués du monde.
Une smart city axée sur l’énergie verte
Dans une Chine urbaine fortement polluée, la nécessité de créer des villes vertes devient criante pour le gouvernement. Un seul exemple : en 2012, 57 % de l’eau des villes chinoises était soit “mauvaise” soit “très mauvaise” alors que les prévisions estiment que près de 70 % des Chinois vivront en ville d’ici 2030.
Voilà pourquoi l’éco-city de Tianjin mise principalement sur les énergies vertes. Panneaux photovoltaïques et éoliennes se partagent la ville et les pavés mêmes des rues sont conçus de telle manière qu’ils écoulent plus facilement l’eau de pluie pour la récupérer. De plus, les concepteurs ont créé une série d’indices pour mesurer l’impact environnemental de ces différentes initiatives.
Baptisés KPI (Key Performance Indicator), ces indices permettent ainsi aux startups associées à l’éco-city de mesurer l’efficacité de leurs projets. Cela a ainsi permis de constater que, pour l’instant, la pollution reste très forte, ceci en raison de l’environnement puisque l’éco-city est en fait entourée par le reste de la ville de Tianjin.
20.000 habitants seulement
Malgré ces investissements, la ville semble encore peiner à attirer des habitants. L’objectif est fixé à 350.000 personnes vivant dans le quartier d’ici 2020. Or pour le moment, il ne compte que 20.000 habitants. En gagner 330.000 en cinq ans semble difficile. “L’environnement est très agréable à vivre” explique Fan Hongqin, un des premiers à s’être installé dans la ville nouvelle. Mais il confie que le quartier est trop éloigné du reste de la ville ; une heure de route est nécessaire pour acheter des vêtements par exemple.
Le problème de ces cités construites “from scratch” se pose donc d’autant plus pour Tianjin et son ambition de plus de 300.000 habitants. Pour donner une équivalence, Masdar aux Émirats Arabes Unis compte attirer 50 000 résidents seulement. La densité de population y est certes bien moindre mais les sommes en jeux sont équivalentes.
Alors que de plus en plus de smart city construites à partir de rien voient le jour, Tianjinn pose la question essentielle du peuplement de ces villes nouvelles qui pourraient peut-être disparaître aussi vite qu’elles étaient apparues.