Colère d’Angela Merkel après des actes visant les immigrés
Des foyers pour réfugiés ont été incendiés à Vorra, en Bavière. Au total, trois bâtiments ont été détruits. Dans l’un d’eux, les enquêteurs ont retrouvé du matériel incendiaire, confirmant la piste criminelle. Par chance, les lieux étaient déserts. Leur ouverture était prévue pour février 2015. En ciblant les étrangers, les incendiaires ont provoqué la colère d’Angela Merkel qui a clairement condamné ces actes.
Addendum : Les manifestations contre les étrangers tentent «de faire naître du ressentiment, de désigner un ennemi», analyse Hajo Funke, professeur en sciences politiques à l’Université libre de Berlin.
«Cela devient dangereux quand cela se transforme en attaque méprisante» et favorise le «réveil des instincts de masse», prévient-il.
L’appel à lutter «contre l’islamisation du pays» fait écho aux croisades chrétiennes et à la propagande nazie, analyse-t-il.
Officiellement, Pegida mobilise contre les jihadistes ou les étrangers qui refusent de s’intégrer. Mais pendant les manifestations, «élites politiques», «bureaucrates européens» et «grands médias», promoteurs d’un multiculturalisme qui «dilue» la culture allemande, sont aussi attaqués.
Une rhétorique qui épouse celle de l’AfD, formation créée en 2013 et qui vient d’entrer dans trois Parlements régionaux dans l’ex-RDA. Son président, Bernd Lucke, a reconnu dans une interview au quotidien des affaires «Handelsblatt »que son parti «partageait de nombreuses revendications» avec Pegida, notamment la volonté de sévir contre les islamistes.
De nombreux manifestants «ont échoué dans leurs vie et leur travail et projettent sur les autres leurs échecs. Ils cherchent des bouc-émissaires», a estimé Rainer Wendt, président du Syndicat des policiers allemands, dans une interview à la chaîne de télévision n-tv
Des manifestations sont été organisées ou soutenues par divers mouvements d’extrême droite ou néonazis, ainsi que par le jeune parti anti-euro, Alternative für Deutschland (AfD) qui a pris un virage xénophobe. Il croît surtout au détriment de la CDU, le parti d’Angela Merkel qui vient d’être réélue triomphalement à sa tête.
La chancelière allemande a condamné, vendredi 12 décembre, « avec la plus grande fermeté » les manifestations « anti-islamisation » qui se déroulent en Allemagne depuis plusieurs semaines, principalement à Dresde, dans l’est du pays.
«Il n’y a pas de place en Allemagne pour la haine religieuse, quelle que soit la religion d’appartenance», a déclaré la porte-parole d’Angela Merkel, Christiane Wirtz. «Il n’y a pas de place en Allemagne pour l’islamophobie, l’antisémitisme, la xénophobie ou le racisme», a-t-elle insisté.
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Un groupe baptisé « Européens patriotes contre l’islamisation du pays » (Pegida) organise depuis quelques semaines des « manifestations du lundi », calquées sur celles qui ont conduit à la chute du régime communiste de l’ex-RDA. Pegida, emblématique de cette mouvance populiste, a récupéré le slogan de l’époque, « Nous sommes le peuple ». Lundi dernier, il a crée la surprise en réunissant 10 000 personnes à Dresde (et 9 000 contre-manifestants), en surfant notamment sur les fantasmes quant à l’influence de l’islam dans les société européennes.
Les manifestations hostiles aux étrangers et aux musulmans se sont multipliées au cours des dernières semaines, alors que l’Allemagne est la principale destination d’immigration en Europe. Des rassemblements organisés ou soutenus par des mouvements d’extrême-droite ou néonazie, qui ont regroupés jusqu’à plusieurs centaines de personnes, ont été organisés à Düsseldorf, Würzburg, Rostock, Bochum ou Munich.