Addendum 16/12 : La classe politique ne sait pas trop comment réagir. Le ministre de la Justice, un social-démocrate, a parlé d’une honte pour l’Allemagne. D’autres se refusent à considérer tous ces manifestants comme des néonazis en puissance.
Pour Gilbert Casasus, professeur en études européennes à l’université de Fribourg, en Suisse, le phénomène de ces rassemblements hostiles aux immigrés, et en particulier aux demandeurs d’asile et aux musulmans, doit être pris au sérieux. Son témoignage sur RFI :
« Ce mouvement est très inquiétant. Ce n’est pas un mouvement organisé de l’extrême-droite, ce n’est pas un groupuscule néonazi, ce n’est pas un parti d’extrême-droite. Mais c’est un mouvement qui a une assise populaire, que personne ne peut nier. » […]En fait, ce qu’il y a profondément là-dedans, c’est une nouvelle xénophobie allemande. Xénophobie allemande contre laquelle des citoyens allemands certes manifestent, mais pour laquelle de plus en plus de citoyens allemands montrent une certaine sympathie aussi. C’est un mouvement ancré dans la population ; ce n’est pas ce que j’appellerais un ‘ feu follet ‘ politique. »
Ce lundi, Angela Merkel a opté pour une voie médiane: «L’Allemagne garantit le droit de manifester, mais nous rejetons l’incitation à la haine et la calomnie contre des personnes qui viennent s’installer dans notre pays. Et chacun doit prendre garde à ne pas se faire instrumentaliser par les initiateurs de ces manifestations.»
Quelques questions se posent désormais : le mouvement va-t-il prendre encore de l’ampleur ou souffrir de la pause de Noël ? Proches des organisateurs, les eurosceptiques de l’AfD (Alternative für Deutschland, Alternative pour l’Allemagne) vont-ils profiter, voire récupérer le mouvement ? Rendez-vous est donné en janvier.
Un nouvelle manifestation du mouvement Pegida (Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident) a rassemblé 15.000 personnes à Dresde (Allemagne) selon la police. Elles étaient 10.000 la semaine dernière.