L’écrivain d’origine russe rappelle ce que l’immigration, qu’elle soit russe au XIXe siècle ou arabe au XXe, a pu apporter à la culture française. […]
Mardi soir, regardant le Grand Journal de Canal+, j’ai été amusé par l’air de mater dolorosa pris par M. Robert Ménard tandis qu’il expliquait à Natacha Polony les souffrances que lui cause, dans sa bonne ville de Béziers, un quartier où les immigrés sont plus nombreux que les Français.[…]
Rassurez-vous, cher monsieur Ménard. Émigrés russes, immigrés arabes, même combat ! Un jour, Béziers aura de multiples occasions d’être fière de ses Biterrois français selon le droit du sol, aux noms bizarres et à la religion apparemment exotique. N’ayez pas peur de Gorgouloff ! Il y a en France plus de Marina Vlady que de Gorgouloff, plus d’Abdellatif Kechiche que de Merah.
Quatre ans avant ma naissance, un Russe blanc nommé Gorgouloff eut en outre la mauvaise idée d’assassiner le président de la République française, Paul Doumer. Cela, on le comprend, n’améliora pas notre cote d’amour. L’ensemble des émigrés russes en pâtit, comme plus récemment l’ensemble de la communauté arabo-musulmane a, par ricochet, souffert des crimes commis par Mohamed Merah.
Aujourd’hui, j’imagine que la France, celle de droite, celle de gauche, a pleine conscience de l’extraordinaire enrichissement que fut pour elle l’émigration russe, et cela dans tous les ordres. Je n’ai pas encore été invité à visiter le musée de la Porte dorée que vient d’inaugurer le président François Hollande, j’ignorais même, je l’avoue, jusqu’à la semaine dernière, qu’un tel musée de l’Histoire de l’immigration existât, mais la Russie y occupe sans le moindre doute une place d’importance : la génération des premiers émigrés […]
Je ne suis certes qu’un Français par le droit du sol, donc un Français de second ordre selon Marine Le Pen, et nous sommes nombreux dans ce cas, mais j’ose néanmoins espérer que nos travaux s’incorporent, aux yeux du président de la République et à ceux du directeur de ce musée, au patrimoine de la France.