Le spectacle de l’humoriste Kheiron a beaucoup plu à notre contributrice, mais elle n’a pas apprécié quelques saillies, qui lui ont gâché son plaisir. Elle s’en explique.
Cher Kheiron , (Kheiron Tabib né en 1983 est le fils de Habib Tabib, un juriste iranien. Kheiron a travaillé pendant 4 ans en tant qu’éducateur sur un projet sur les Enfants décrocheurs.)
J’ai eu le plaisir d’assister à ton spectacle il y a quelques jours au sentier des Halles. (…) Mais je voudrais aussi te parler de ces choses qui m’ont choquée :
“Mais j’ai tellement envie que tu te fasses violer.”
“Elle est chiante ta copine, tu la sodomises pas assez.”
“Vas-y fais pas ta pute.”
Tes expressions sont un symptôme. Le symptôme d’une société qui continue à penser qu’une femme qui se fait violer, agresser, humilier, ce n’est pas “si grave”. Car bien sûr, “il n’y a pas mort d’homme”. C’est pour ça qu’il faut qu’on parle. (…)
Ce ne sont pas que des expressions. “J’ai tellement envie que tu te fasses violer”, tu avoueras que ce n’est pas loin d’être une incitation à la violence, au viol, de fait. Bien sûr, c’est une incitation que personne sans doute ne prend au premier degré. En revanche, c’est une banalisation. En utilisant ces mots, tu banalises une idée de la violence et du rapport aux femmes, à toutes les femmes, y compris celles qui sont venues te voir sur scène. La jeune femme qui ne veut pas exécuter devant toi une danse orientale est forcément une pute. “Vas-y, fais pas ta pute”. Celle qui te reprend dans le public “ne se fait pas assez sodomiser”. Car c’est bien connu, la sodomie rend douce et servile. Quand une de tes spectatrices rentre chez elle et se fait violer – par un inconnu, ou par son mec, en levrette ou en sodomie – tu penses à quoi? (…)