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Nommé président du conseil d’orientation du musée de l’Histoire de l’immigration en août 2014, Benjamin Stora, né en Algérie, revient pour Saphirnews sur ses débuts à la tête de l’institution et sur les défis auxquels il est confronté. L’historien spécialiste de l’Algérie évoque notamment le rôle pédagogique du musée et la nécessité de transmettre l’histoire de l’immigration et de ses apports à la France.

Pour Benjamin Stora, président du conseil d’orientation du musée de l’Histoire de l’immigration, «il faut rappeler l’apport des étrangers à l’Histoire de France, en termes culturel, artistique, esthétique, économique et social».

Commencer à inverser ce regard serait déjà phénoménal. Mais il faut dire aussi que le climat général en France est mauvais. Parce que la société d’aujourd’hui n’accepte pas volontiers un lieu où l’on va montrer la différence, les trajectoires, l’exil. Le sentiment de la société d’aujourd’hui n’est pas celui-là, sinon le Front national ne serait pas aussi important.

Si la France se prive des étrangers, si elle se ferme, si elle se replie sur elle-même, elle s’appauvrit. Quand on voit l’exposition sur la mode, on se rend compte de l’apport extraordinaire des grands couturiers étrangers en France. Sans cette culture, la France ne peut pas exister comme un grand pays. Il faut montrer cet aspect de l’immigration aussi aux Français, pour qu’ils puissent regarder leur passé en face, l’assumer.

Qu’apporte l’inauguration du musée de l’Immigration, sept ans après son ouverture ?

Si l’Etat décide d’admettre l’existence de ce lieu en tant que tel, cela veut dire que l’histoire de l’immigration est intégrée à l’histoire française, qu’elle n’en n’est pas séparée. Et puis cela va installer le lieu aux yeux du public. […]

L’inauguration officielle va s’accompagner d’un accroissement de la dotation budgétaire. […]

Quel est le rôle pédagogique de la Cité de l’immigration ?

La France ne se conçoit pas comme une nation de migrants. Par tradition jacobine, monarchiste, assimilationniste, par effacement des traces de l’origine, les Français ne se vivent pas de cette façon. C’est la nature de ce que l’on pourrait appeler l’histoire intérieure de la France, de la nation française.

Or la France est aussi un pays d’immigration. C’est le rôle du Musée que d’inscrire cette histoire dans l’Histoire de France. […]

saphirnews

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