Les événements survenus ces derniers jours à Joué-lès-Tours, Dijon et Nantes suscitent l’inquiétude, ce qui est normal, mais aussi des amalgames regrettables. Islamistes et musulmans, terroristes et déséquilibrés, djihadistes : tous les mêmes ? Bien évidemment non.
Doit-on qualifier de terroriste l’homme qui a fauché treize passants à Dijon sous prétexte qu’il l’a fait au cri d’« Allahou akbar ! » (« Dieu est grand ! »), alors qu’il est un habitué des consultations psychiatriques depuis près de quinze ans ? Dispose-t-on d’éléments permettant de penser que l’automobiliste qui a foncé dans la foule du marché de Noël de Nantes – un homme de 37 ans placé sous curatelle – a voulu s’attaquer à un symbole, d’ailleurs tout relatif, de l’Occident chrétien ?
D’après les informations délivrées de sources judiciaires, aucun des deux agresseurs n’a été en mesure de tenir un discours articulé pour expliquer ses actes, aucun n’appartenait à une mouvance islamiste radicale, aucun ne correspondait avec des réseaux djihadistes.
Le cas de Bertrand Nzohabonayo, abattu après s’en être pris délibérément à des représentants de l’Etat, est de nature différente. Mais le caractère apparemment improvisé de l’insupportable agression qu’il a commise dans l’enceinte du commissariat de Joué-lès-Tours le distingue d’un Mohamed Merah ou d’un Mehdi Nemmouche, les auteurs des tueries de Toulouse, Montauban et Bruxelles, en 2012 et 2014. Pour ceux-ci, le passage à l’acte avait constitué l’aboutissement méticuleusement préparé d’une radicalisation établie.