Même si le prix du baril a baissé de 50 % depuis le mois de juin et avoisine actuellement les 60 dollars, le cartel des pays pétroliers tient bon. Quoi qu’il arrive, le brut coulera à flots, prévient le ministre du Pétrole saoudien. Voici de quoi donner des sueurs froides au secteur mondial de l’énergie : quoi qu’il arrive, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) continuera à pomper autant de brut, et laissera donc la chute des cours se poursuivre.
“Avec une franchise inhabituelle“, le ministre du Pétrole saoudien, Ali Al-Naimi, leader de fait de l’Opep, affiche aujourd’hui sa volonté de défendre ses parts de marché “à tout prix“, constate le Financial Times.
“Nous entrons dans une période effrayante pour le marché pétrolier“, commente un analyste interrogé par le quotidien britannique. “Pendant plusieurs années, nous allons être confrontés à une forte volatilité des prix. Pratiquement tout va en être affecté.“
“Quel que soit le prix, il n’est pas dans l’intérêt des membres de l’Opep de réduire leur production (…). Qu’il descende à 20, 40, 50 ou 60 dollars, peu importe“, déclare ainsi le ministre, dans un entretien publié par la revue spécialisée Middle East Economic Survey.
Si le royaume réduisait sa production pour soutenir les cours, comme il l’a toujours fait par le passé, “les prix remonteraient et les Russes, les Brésiliens et les producteurs américains de pétrole de schiste récupéreraient ma part“, ajoute-t-il.
Les Américains ont les reins solides
Selon The Wall Street Journal, le revirement de Riyad s’inscrit plus largement “dans une évolution de ses relations avec Washington“. Traditionnellement, l’Arabie Saoudite assurait l’approvisionnement des marchés en pétrole, et les États-Unis garantissaient en échange la sécurité de ses frontières.
Mais deux facteurs sont venus perturber cette belle entente : le boom du gaz de schiste aux États-Unis et l’évolution de la politique étrangère américaine au Moyen-Orient – tout particulièrement envers l’Iran.
L’Arabie Saoudite, qui pense avoir les reins assez solides pour supporter des prix bas pendant deux ans, espère faire sortir du marché ses concurrents les moins rentables. Toutefois, prévient le quotidien américain, Ali Al-Naimi n’a peut-être pas pris toute la mesure des changements provoqués par le gaz de schiste. “Nombre d’exploitants américains peuvent gagner de l’argent ou être à l’équilibre avec un prix du baril inférieur à 40 dollars“, assure The Wall Street Journal. Et à 20 dollars ?