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Tandis que se répandait l’eau du baptistère sur une armée convertie, et que s’ébattait la colombe immaculée, le prodige français voyait le jour. La petite France ouvrait ses yeux écarquillés sur le monde, elle venait à la vie et respirait. Sans doute ses premiers cris furent-ils : « Noël ! Noël !  ».

La France venait de naître, en ce vingt-cinq décembre 496. Elle venait de loin : sa conception avait duré non pas neuf mois, mais cinq siècles.

Déjà, le ménage complexe de l’alouette gauloise et de la louve capitoline avait commencé de faire apparaître ses membres. Jacques Bainville ne manqua pas de souligner l’importance capitale de cette antique gestation, ces cinq-cent ans pendant lesquels la Gaule partagea la vie de Rome :

« Jamais colonisation n’a été plus heureuse, n’a porté plus de beaux fruits, que celle des Romains en Gaule. D’autres colonisateurs ont détruit les peuples conquis. Ou bien les vaincus, repliés sur eux-mêmes, ont vécu à l’écart des vainqueurs. Cent ans après César, la fusion était presque accomplie et des Gaulois entraient au Sénat romain.

Jusqu’en 472, jusqu’à la chute de l’Empire d’Occident, la vie de la Gaule s’est confondue avec celle de Rome. Nous ne sommes pas assez habitués à penser que le quart de notre histoire, depuis le commencement de l’ère chrétienne, s’est écoulé dans cette communauté : quatre à cinq siècles, une période de temps à peu près aussi longue que de Louis XII à nos jours et chargée d’autant d’évènements et de révolutions. Le détail, si l’on s’y arrêtait, ferait bâiller. Et pourtant, que distingue-t-on à travers les grandes lignes ? Les traits permanents de la France qui commencent à se former. »

L’ébauche de cette France, celte de sang et pénétrée de latinité, connaissait déjà le saint nom de Jésus. Martyre et charité avaient marqué la terre gallo-romaine. Au nom du Christ, la lyonnaise Blandine avait versé son sang dans les arènes de la capitale des Gaules. En Touraine, S. Martin avait prodigué la charité, déchirant son pourpre mantel et l’appliquant sur le dos frêle d’un miséreux. […]

C’est à Clovis, petit-fils de Mérovée, qu’allait incomber la tâche de faire venir au monde la petite France. […] La victoire se penchait sur le berceau de la France. Vieux sang gaulois, génie latin et glaive franc s’étaient réunis autour de la Croix. L’Eglise de saint Rémi, habile sage-femme, sortit avec douceur la tête de notre France. Au milieu des décombres d’un Empire romain depuis vingt ans éteint, la jeune enfant riait. La latinité se muait en Chrétienté ; le nourrisson en serait la fille aînée. Devant elle, les étendards du roi s’avançaient.

A Noël, le monde découvrait le nouveau-né, enfant des Romains et des Saliens. A Noël, l’Histoire rencontrait la France. Une croix d’or ornait sa frêle poitrine.

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