Après avoir fui la guerre et la misère et gagné l’Europe par terre ou mer, une soixantaine de migrants d’Afrique de l’Est, majoritairement demandeurs d’asile, vivent au jour le jour à Nantes dans le presbytère qu’ils squattent pour éviter “la rue”, grâce à “la solidarité” des riverains.
“Pour moi, c’est comme s’ils faisaient partie de ma famille”, lance Jeanine Mondain, 80 ans, une “voisine” du presbytère Saint-Médard, qui donne aux migrants des cours de français une fois par semaine dans une petite salle donnant sur la cour, où trône encore un sapin de Noël.
“Je viens les voir en dehors du français, seulement pour leur parler, essayer de leur montrer qu’ils sont importants pour nous (…). Je me dis que pour pouvoir s’insérer dans la société française, il faudra bien qu’ils connaissent l’élémentaire de la langue”, poursuit la retraitée, alors qu’elle enseigne le mot “chaise” à l’un de ses élèves soudanais penché sur un cahier d’écolier….
Expulsés “sans solution de relogement”, les migrants et leurs soutiens ont “réquisitionné” ce presbytère de la paroisse Sainte-Marie-de-Doulon, à l’est de Nantes et à quelque trois kilomètres de leur précédent squat, propriété de la ville et loué à l’évêché, mais “inoccupé depuis 2007”, souligne Jean Brunacci, membre de Solidaires et porte-parole du collectif de soutien.
Près de cent se sont d’abord entassés dans les huit chambres de ce bâtiment religieux de deux étages, sis dans un quartier populaire, jouxtant une école et faisant face à un supermarché. Ils étaient jusqu’à 23 dans certaines pièces, dormant sur des matelas posés sur des palettes en bois, et partageant une douche et deux toilettes.
Au presbytère, la “solidarité” s’est organisée : la Banque alimentaire ravitaille en produits frais et secs, “les voisins nous viennent en aide, soit en apportant des couvertures, des matelas, des chaussures, soit en nous invitant à prendre le café”, décrit Ahmat Kotombo.
La veille de Noël, des paroissiens, ainsi que l’évêque, sont venus apporter chocolat chaud et friandises à ces hommes de confession musulmane. “Ils nous ont considérés comme si on était des citoyens parmi eux”, salue Cherif, “très touché” par ce geste…
Rappel : Nantes compte cinq mosquées.