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Addendum 05/01/15 : Dans son émission La Nouvelle Édition, le journaliste de Canal+ , Ali Baddou, a violemment critiqué Soumission, le nouveau roman polémique de Michel Houellebecq, “Soumission”.

«Je suis de culture musulmane, ça, c’est le hasard. Je suis profondément laïque, ce livre m’a foutu la gerbe. Autant le dire aussi simplement que ça.

Il poursuit: «On est en 2015 et l’année démarre avec ça, c’est-à-dire avec l’islamophobie, qui est installée, qui est diluée dans le livre d’un grand romancier français. C’est un livre au fond, qui, pour moi, habitue au racisme anti-musulman…»

Le Figaro


Addendum : Extraits de l’entretien donné par Michel Houellebecq à Mediapart

Sylvain Bourmeau : Est-ce une satire ce roman ?

Michel Houellebecq : Non. Très partiellement, c’est une satire des journalistes politiques tout au plus, un petit peu des hommes politiques aussi à vrai dire. Mais les personnages principaux, non.

SB : Comment as-tu conçu ce fait de fiction d’un deuxième tour de l’élection présidentielle de 2022 opposant Marine Le Pen au président d’un parti musulman ?

MH : Bon, Marine Le Pen cela me paraît tout à fait vraisemblable en 2022 – déjà en 2017… Le parti musulman, c’est plus… Là, on touche le point dur en fait. J’ai essayé de me mettre à la place d’un musulman, et je me suis rendu compte qu’ils étaient en réalité dans une situation totalement schizophrénique. Parce que globalement les musulmans ne s’intéressent pas trop aux sujets économiques, leurs grands sujets d’intérêts sont ce qu’on appelle de nos jours les sujets sociétaux. De toute évidence, ils sont très éloignés de la gauche et plus encore des écologistes sur tous ces sujets, il suffit de songer au mariage homosexuel pour comprendre mais c’est pour tout pareil. Et on ne voit vraiment pas pourquoi ils voteraient pour la droite et encore moins pour l’extrême-droite qui les rejette de toute ses forces. Que peut bien faire un musulman qui veut voter ? Il est dans une situation impossible en fait. Il n’est pas représenté du tout.

Il serait faux de dire que c’est une religion qui n’a pas de conséquences politiques, elle en a, le catholicisme aussi d’ailleurs, même si les catholiques ont été pas mal rembarrés. Donc, à mon avis un parti musulman est une idée qui s’impose.

SB : Mais de là à imaginer qu’un tel parti puisse se trouver dans sept ans en situation de gagner l’élection présidentielle…

Je suis d’accord, c’est peu vraisemblable. Pour deux raisons en fait. La première, qui est la plus difficile : il faudrait d’abord que les musulmans réussissent à s’entendre entre eux. Il faudrait quelqu’un d’extrêmement intelligent et d’un extraordinaire talent politique, qualités que je donne à mon personnage, Ben Abbes. Mais un extrême talent est, par définition, peu probable. Mais supposons qu’il existe, ce parti pourrait progresser, mais cela prendrait plus de temps. Si l’on considère la manière dont les frères musulmans ont procédé, on voit un maillage du territoire, des associations caritatives, des lieux de culture, des lieux de prières, des centres de vacances, des soins, un peu l’équivalent de ce qu’avait fait le Parti Communiste. A mon avis, dans un pays où la misère va continuer à s’étendre, ça peut convaincre bien au-delà des musulmans « normaux » si je puis dire, parce qu’en plus il n’y a plus de musulmans « normaux » puisqu’on a des conversions de gens qui ne sont pas du tout d’origine maghrébine… […]

SB : Donc tu utilises le fait de faire peur à propos du fait que l’islam devienne majoritaire dans le pays ?

MH : En fait, on ne sait pas bien de quoi on a peur, si c’est des identitaires ou des musulmans. Tout reste dans l’ombre. […]

SB : Je ne la perçois pas, au contraire les mêmes personnes sont souvent des militants antiracistes et de fervents défenseurs de la laïcité, le tout prenant racine dans la philosophie des Lumières.

MH : Bon, la philosophie des Lumières on peut faire une croix : décès. Un exemple frappant ? La candidate voilée sur la liste Besancenot, voilà un exemple de contradiction.

Mais il n’y a pas que les musulmans qui sont dans une situation schizophrène, au niveau de ce qu’on appelle classiquement les valeurs, les gens d’extrême- droite ont plus en commun avec les musulmans qu’avec la gauche. Il y a plus d’opposition foncière entre un musulman et un athée laïc qu’entre un musulman et un catholique. Cela me paraît évident.

[…]

SB : L’islamophobie sert de paravent à un racisme qui n’est plus dicible parce qu’il tombe sous le coup de la loi.

Je crois que c’est juste faux. Je ne suis pas d’accord. […]

SB : Mais dans Soumission n’y a t il pas une théorie du complot avec l’idée que le « grand remplacement », comme dit Renaud Camus, est à l’œuvre, que les musulmans vont prendre le pouvoir…

MH : Je connais mal la thèse du grand remplacement mais apparemment c’est plutôt racial. Or là non, il n’est pas fait mention d’immigration. Ce n’est pas le sujet. […]

SB : Ce n’est pas forcément racial, ce peut être religieux. En l’occurrence, il y a remplacement de la religion catholique par l’islam.

MH : Non. Il y a une destruction de la philosophie issue du siècle des Lumières, qui n’a plus de sens pour personne, ou pour très peu de gens. Le catholicisme lui se porte plutôt bien.

Je maintiens assez positivement qu’une entente entre catholiques et musulmans est possible, cela s’est déjà vu. Cela peut se reproduire.

[…]

SB : N’y a t-il pas quelque chose de désespéré dans ce geste qui n’est pas vraiment décidé ?

MH : Le désespoir, c’est l’adieu à une civilisation quand même ancienne.

Mais au fond le Coran c’est plutôt mieux que je ne pensais, après relecture – après lecture plutôt. La conclusion la plus évidente c’est que les djihadistes sont de mauvais musulmans. Evidemment, comme dans tout texte religieux, il y a des marges d’interprétation, mais une lecture honnête conclut que la guerre sainte d’agression n’est en principe pas autorisée, la prédication est seule valide. Donc on peut dire que j’ai un peu changé d’avis. C’est pour cela que je n’ai pas l’impression d’être dans la situation de la peur. J’ai plutôt l’impression qu’on peut s’arranger.

Les féministes, elles, ne le pourront pas, pour être tout à fait honnête. Mais moi et pas mal de gens, oui.

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Addendum 29 12 : Dans son dernier roman “Soumission”, Michel Houellebecq raconte comment la France se donne à un parti islamiste sans (trop de) heurts et avec l’assentiment des partis politiques et des médias.

Sous la plume de Michel Houellebecq, la société française semble se satisfaire de ce nouvel ordre des choses. C’est d’ailleurs ici que commence la véritable provocation du livre. Pour l’auteur, notre société avachie dans le confort émollient de la démocratie et biberonné à un État providence qui pourvoit à tout glissera presque naturellement vers cette charia douce.

Soumission (éditions Flammarion, sortie le 7 janvier 2015), le nouveau livre de Michel Houellebecq, est-il islamophobe ? Telle est la question qui suinte depuis quelques jours des discussions parisiennes… Si oui, le scandale menace d’être immense, une nouvelle affaire Zemmour… Eh bien non : Soumission n’est pas un brûlot anti-musulman. Il est pire que ça : une théorie convaincante et inspirée sur la fin de notre civilisation européenne, de sa culture et de sa démocratie. Cela mérite une explication.

Au printemps 2022, François Hollande achève son second mandat. Bien qu’il l’ait emporté cinq ans plus tôt contre Marine Le Pen il est déconsidéré, honni, détesté et ne parvient pas à empêcher la montée en puissance de la Fraternité musulmane, qui, sous la férule du charismatique, intelligent et cultivé Mohamed Ben Abbès, rallie de plus en plus de suffrages. Le second tour de la présidentielle oppose ce nouveau venu à la candidate du FN. Les partis traditionnels de gouvernement (UMP, PS, UDI) se rallient à ce “visage présentable de l’islam”. Et le tour est joué… Les femmes sont interdites d’emplois publics, permettant ainsi l’embauche de centaines de milliers d’hommes et une baisse spectaculaire du chômage, elles ne peuvent plus porter la robe ou la jupe dans les lieux publics, les professeurs de faculté doivent se convertir au terme d’un processus qui ne prend que quelques heures.

Houellebecq insiste également sur l’aveuglement, le silence, la passivité et finalement la complicité des médias et des intellectuels de centre gauche dans l’accession au pouvoir de la Fraternité musulmane. Des crimes sont commis à la veille de l’élection : ils sont passés sous silence. Pour ne pas donner prise au racisme, on refuse d’évoquer les méfaits commis par des voyous se revendiquant de l’islam, on tait les écrits de jeunesse de Ben Abbès, beaucoup moins conciliants avec la culture judéo-chrétienne de la France que ses discours de façade… Les services secrets qui, semaine après semaine, constatent l’évolution des banlieues et plus généralement du pays entier sont muselés puis leurs agents invités à prendre leur retraite… Et voilà comment, démocratiquement, avec l’assentiment de nos élites notre démocratie craque de toute part, cède et se soumet pour un plat de lentilles.
Trop faux pour être vrai ? […]

Le Point

Addendum du 18/12/14 : Le dernier livre de Michel Houellebecq sortira en janvier 2015 mais fait déjà polémique

Le prochain roman de Michel Houellebecq “Soumission”, paraîtra le 7 janvier chez Flammarion et risque de faire beaucoup de bruit. Le Goncourt 2010 plonge son lecteur dans la France de 2022. Il imagine une élection présidentielle en fin de second mandat de François Hollande.

Une anticipation dans laquelle un parti musulman remporte la présidentielle contre le Front national.

Le Front national de Marine Le Pen, qui a déjà perdu le scrutin de 2017, subit la loi d’une alliance UMP, UDI, PS, associée à la Fraternité musulmane, parti inventé par l’auteur. Son leader, Mohammed Ben Abbes, finit par être élu et choisit François Bayrou comme premier ministre.

Le narrateur, qui s’appelle François, est un universitaire malheureux et solitaire, spécialiste de Joris-Karl Huysmans. Il couche avec des étudiantes et comme toujours chez Houellebecq, l’amour est triste. La soumission du titre fait référence à celle des mécréants qui doivent se soumettre à Allah et à celle des femmes aux hommes. À la fin du roman, François se convertit à l’islam et, professeur adulé, voit se soumettre à ses désirs de jeunes étudiantes voilées…

Ce roman de 300 pages devrait attirer toute l’attention lors de la rentrée littéraire. Le sujet commence déjà à faire le tour du web, et la twittosphère n’a pas tardé à réagir. Et risque bien de ranimer la polémique née en 2001, lorsque l’écrivain en promotion de son roman Plateforme avait déclaré: «La religion la plus con, c’est quand même l’islam.»

Le Figaro

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