Extrait (5 min) de l’émission L’esprit public, France Culture, du 4 janvier 2015.
Extrait texte de l’émission audio ci dessus (intervention de François Héran, démographe) :
“Ca fait longtemps que les flux migratoires en France sont déconnectés du cycle économique. Prenons les 200.000 personnes d’origine extra-européenne qui arrivent en France chaque année. L’immense majorité, c’est pas pour le travail :
- d’abord, vous avez 50 à 60.000 étudiants, dont une fraction non négligeable reste.
- vous avez ensuite 30.000 personnes qui relèvent du regroupement familial. C’est à dire qu’un étranger fait venir le reste de sa famille. Il en a le droit.
- Il y aussi le cas des gens de nationalité française, qui ont le droit d’épouser une étrangère ou un étranger. C’est la migration matrimoniale. Et c’est plus important que le regroupement familial. C’est aux alentours de 50.000 personnes par an.
- Et puis vous avez 18.000 personnes introduites au titre de l’asile.
- A la fin, que reste-t-il ? 17 ou 18000 personnes, et encore là-dedans il y a les saisonniers. Donc disons 15.000 personnes seulement qui entrent au titre du travail.
Donc, l’immense majorité des migrants extra-européens, plus de 90%, qui entrent chaque année en France, ils entrent tout simplement parce qu’ils en ont le droit [c’est l’intervenant qui souligne. NDLR]. Le droit d’épouser qui on veut, le droit de vivre en famille, le droit d’aller faire ses études dans de bonnes universités. Et le droit d’asile. C’est ça, notre immigration.
Alors quel homme politique va oser dire: “ces 200.000 entrées, on ne peut pas y toucher, sauf à remettre en cause les conventions internationales auxquelles nous avons souscrit. Quand Marine le Pen dit qu’il faudrait diviser ce taux par 10 ou par 20 c’est totalement irréaliste”.
Il faudrait que les hommes politiques aient le courage de dire que ce ne sont pas les besoins de l’économie qui définissent l’entrée des immigrés. C’est simplement qu’ils en ont le droit.”
France Culture – Merci à Héritage
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