Boua Traoré n’a pu retrouver hier sa place au Collège Emile-Gallé à Essey-lès-Nancy où il était pourtant scolarisé depuis deux mois. Motif : on l’a vieilli de cinq ans du jour au lendemain.
Le jeune Malien, orphelin, se retrouve au cœur d’un imbroglio juridico-administratif où sa date de naissance joue en effet le premier rôle. Arrivé à Nancy en juillet 2014 avec un acte de naissance le déclarant né le 25 décembre 1999, il serait donc aujourd’hui mineur. Et à ce titre a été hébergé par l’ASE (Aide sociale à l’enfance). Mais le 15 octobre dernier, le tribunal pour enfants a fixé une nouvelle date de naissance : le 1er octobre 1995. Et cela sur la base de tests osseux.
Tests non fiables
Conséquence : l’ASE le met à la porte sur le champ. C’est alors que RESF prend son bâton de pèlerin. L’association Réseau Éducation sans Frontières lui trouve une famille d’accueil et parvient à l’inscrire au collège Emile-Gallé alors que le lycée Varoquaux de Tomblaine l’accepte dans son internat. Jusqu’au 17 décembre dernier, date à laquelle l’Inspection académique informe RESF que Boua étant considéré comme majeur, il n’a plus sa place ni dans l’un ni dans l’autre.
RESF est donc allé hier matin protester devant l’inspection académique. « Comment peuvent-ils remettre en cause l’authenticité de l’acte de naissance alors qu’il n’a pas même été soumis au bureau de la fraude administrative ? », s’insurge Jeannette Vallance, présidente de RESF. (…)
« Sans parler du fait que ces tests osseux sont unanimement contestés d’un point de vue scientifique », renchérit André Tosser-Roussey, président de la Ligue des droits de l’Homme à Nancy. (…)
« Tout ça procède d’un climat général très désagréable de suspicion à l’encontre des étrangers », en conclut Brigitte Jeannot, l’avocate en charge du dossier qui vient de lancer une procédure en référé au tribunal administratif contre la décision de l’inspecteur d’académie. (…)