Les passants se pressent pour le féliciter, des jeunes, des vieux, des antifas, des bourgeois. Au milieu des manifestants à Paris, Chiheb Bouameme brandit fièrement une pancarte : “Je suis musulman, je suis Charlie.” Alors que les médias s’inquiètent jeudi de la mobilisation des musulmans de France contre la barbarie de l’attentat du journal Charlie Hebdo, qui a fait douze morts mercredi, ce géant de 49 ans habitant Champigny dans le Val-de-Marne n’a pas hésité une minute à venir manifester à Paris, dès mercredi soir.
“J’ai sauté dans ma voiture avec trois copains” dit-il à l’AFP. Non sans avoir griffonné à la hâte au feutre noir la pancarte qui lui vaut tous les éloges dans cette immense foule venue spontanément place de la République soutenir l’hebdomadaire satirique décapité par la
violence terroriste, et manifester son émotion. Il se sent un peu seul à revendiquer son islam tout en défendant la liberté d’expression. Mais cet artisan-peintre en bâtiment sourit à tout le monde et accepte les photos des gens qui passent. Il n’a pas peur.
(…) Il est abordé par un jeune se présentant comme militant anti-fasciste qui le hèle en disant : “Vous avez du boulot, vous, les musulmans, maintenant.” “C’est à vous de sortir dans la rue.” Chiheb Bouameme ne se départit pas de son sourire et désamorce la provocation.