De 1994 à 2000, Pierre*, Français désormais installé en Romandie, a grandi dans un foyer de Corrèze avec les frères Kouachi. L’aîné était son «meilleur pote». Témoignage.
(…) «La Fonda», il n’en garde pas que de bons souvenirs même s’il est venu à notre rendez-vous avec sous le bras un album de photos de l’époque. «Tous ceux que j’ai connus là-bas et dont j’ai eu des nouvelles ont mal tourné. Plusieurs sont en prison, d’autres sont tombés dans la drogue ou même morts», explique celui qui y avait été placé en tant qu’orphelin. Saïd et Chérif Kouachi qu’il imaginait sur le bon chemin comme lui viennent donc grossir cette liste. «Les années passées au foyer ne les ont pas aidés mais de là à tomber aussi bas!» commente Pierre. Là-bas, il fallait savoir se servir de ses poings. «Mon premier contact avec Chérif s’est passé le lendemain de mon arrivée. Il m’a tabassé sans raison comme je l’avais déjà été la veille par un autre.»
«Ils détestaient les Gaulois»
A l’époque, le cadet des frères Kouachi n’est pas porté sur la religion mais déjà «du genre radical» d’après Pierre. Il est alors «très bagarreur», fort en gueule, «aime se saper» élégamment selon les critères en vigueur à la «fonda» – «à savoir en survêt Lacoste et chaussures requin» – enchaîne les aventures sexuelles avec les filles du foyer, déteste «les Gaulois» (les Français de souche) et le fait savoir en affichant un dédain silencieux vis-à-vis des éducateurs qui tentent de l’aider malgré lui. Balle aux pieds en revanche, l’ado fait des étincelles. «Il avait des pieds en or et alignait sans problème 200 jongles de la tête. Un vrai Messi! Il avait même commencé un sport-études d’où il s’était rapidement fait virer», se souvient Pierre.
(…) Lematin.ch
(Merci à Ge12)