S’il leur faut désormais, suite aux attentats commis par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, surveiller en permanence tous les membres de la mouvance islamiste radicale, même ceux sortis depuis longtemps de prison, les services spécialisés risquent d’être submergés, préviennent des spécialistes.
Ce sont des centaines, voire des milliers de noms qui sont depuis mercredi venus grossir les listes de suspects sur lesquelles travaillent en permanence policiers et membres des services de renseignements: ceux de tous les suspects ou condamnés qui, comme les trois tueurs, ont un jour été impliqués dans la mouvance radicale mais qui n’étaient pas considérés comme dangereux ou susceptibles de passer à l’action.
Des listes qui s’étaient considérablement allongées au cours des derniers mois, au fil des départs puis des retours d’apprentis-jihadistes français pour les terres de combat en Syrie et en Irak.
“Submergés ? Et bien on l’est”, admet samedi à l’AFP un responsable de la lutte antiterroriste, qui demande à rester anonyme. “Comment faire ? Déjà, au lieu de travailler 15 heures par jour, on va travailler 20. Mais ça ne suffira pas. Alors on priorise, au risque de se tromper. Il est impossible de mettre un flic derrière chaque personne. On essaie de trouver le temps, les gens, pour avoir une surveillance la meilleure possible, mais qui ne peut pas être une surveillance absolue. C’est une surveillance minimale, essentiellement technique” (écoutes téléphoniques et interceptions sur internet).
Les services spécialisés élaborent des listes de suspects, classés par ordre de dangerosité supposée décroissante: les premiers sont soumis à une surveillance permanente (compter une vingtaine de policiers par suspect, pour être sur la cible 24 heures sur 24), les suivants font l’objet de ce que les enquêteurs appellent des “coups de sonde”, quelques jours de mise sur écoute ou de filature, pour tenter de déceler une activité suspecte. Toute la difficulté consiste à bien gérer la liste. […]