A La Roche-sur-Yon, l’intervention a eu lieu après une confrontation tendue entre des manifestants, dont certains sont membres du Front national – Ouest France
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Suite à cet article de Ouest-France, l’une des personnes incriminées publie cette lettre ouverte au quotidien :
“Monsieur,
J’ai eu la surprise de me trouver sur une photo illustrant un article de votre site internet sous-titrée : « A La Roche-sur-Yon, l’intervention a eu lieu après une confrontation tendue entre des manifestants, dont certains sont membres du Front national », ce qui laisse entendre que je suis militant du Front National, ce qui est une totale découverte pour moi ainsi que pour mes amis qui y figurent également. Nous étions bien présents mercredi soir sur la place Napoléon mais c’était à l’appel des Français pour nous unir à la douleur des familles des proches des victimes de l’attentat mais en aucun cas pour manifester un soutien quelconque au FN.
Le choc succédant aux terribles évènements survenus à Paris le 7 janvier a touché tout le pays. La condamnation unilatérale et sans concession de ces actes violents est évidente. A la Roche sur Yon, l’émotion était vive et palpable lors de la commémoration place Napoléon. Étant étudiant et Lyonnais depuis cette année, il m’a paru de mon devoir de citoyen d’être présent lors de ce rassemblement pour montrer que la France ne se mettra pas à genoux devant cette barbarie.
Il m’a paru important aussi, avec d’autres étudiants, de montrer l’unité de notre pays face à ces djihadistes. Pour cela, nous avons décidé de sortir un drapeau français, notre drapeau national à tous.
J’ai été extrêmement choqué de voir la réaction violente d’une partie de la foule qui nous a pris à partie alors que nous arborions nos couleurs. Plusieurs jeunes nous ont insultés. Puis, la minute de silence et la minute d’applaudissements passées, nous avons décidé d’entonner la Marseillaise, notre hymne national, qui fut aussi chantée, je vous le rappelle, au Mans, à Londres, à New York mais aussi à l’Assemblée Nationale. Apparemment, ici, ce chant n’a pas la même signification. Nos représentants élus par le peuple seraient-ils donc dans l’erreur? Une partie hostile de la foule est devenue carrément haineuse, utilisant des termes extrêmement injuriants. Ils nous ont demandé de nous taire, alors même qu’ils pleuraient la disparition de la liberté d’expression cinq minutes auparavant.
La Marseillaise n’est-elle donc pas en soi un symbole de liberté? Il faudra alors que je revoie mon Histoire! La police a commencé à s’interposer alors que nous nous faisions bousculer, de façon très violente, j’en sais quelque chose. Ces faits passés, je dois avouer que j’ai été très surpris par l’article de Ouest France d’aujourd’hui. « A quelques pas de là, plusieurs jeunes n’ont pas ces états d’âmes », « certains militent au Front National »… Nous étions tous touchés par ces évènements, personne n’est venu dans l’idée de fomenter des troubles ou de faire passer un message politique. Il est possible que certains aient une sensibilité politique différente, et c’est cela justement la démocratie et la liberté d’expression. Je n’en suis pas, pas plus que je n’ai de haine envers les musulmans, communauté dont je suis très proche ayant vécu dans un pays à majorité musulmane qui lutte quotidiennement contre ces extrémistes présents à ses frontières. Vous ne le savez peut être pas, mais moi, je sais ce que l’on ressent lorsqu’une voiture explose à quelques rues de chez soi. Je sais ce que ce que l’on ressent lorsqu’on descend dans la rue et que l’on se demande si cette voiture garée au coin de la rue ne va pas exploser à votre passage. Je sais ce que ce que l’on ressent lorsqu’une élection étudiante se termine par des coups de feu, pour l’avoir vécu. Je sais ce que cela veut dire les combats de rue, les vidéos de têtes décapitées et les pleurs des mères désespérées. Je crois donc que je n’ai donc de leçons à recevoir de personne de ce côté-là. Mais grâce à cela aussi je sais, peut-être plus que tout autre, combien il est nécessaire de rester unis. Et une façon de le montrer c’est en chantant notre hymne, un chant pouvant nous rassembler tous, par-delà les différences, et que, dois-je vous le rappeler? chantaient les Résistants lorsque, liés au poteau, ils faisaient face aux fusils d’une autre barbarie, condamnés au nom de la Liberté.
Ce soir, j’étais juste un Français indigné, un Français qui avait besoin de se rappeler que son pays ne cédera pas à la folie d’une ultra-minorité, un Français qui a ressenti le besoin de chanter avec son pays, de chanter pour montrer que, non, nous ne plierons pas le genou. J’étais un Français qui voulait voir son pays uni et aujourd’hui je suis un Français qui pleure sur ce pays qui continue à se diviser malgré le sang versé, un Français qui pleure sur ce pays qui n’arrive pas à dépasser ses divergences politiques, un Français qui pleure sur ce pays qui hue son hymne national.
Augustin D.