Depuis le massacre de Charlie Hebdo et la prise d’otages sanglante de Vincennes, l’exécutif et plusieurs responsables politiques exhortent la nation à ne pas assimiler, sous le coup de l’émotion, une minorité de fondamentalismes islamistes et la majorité des Français de confession musulmane.
Dans ce refus de l’amalgame, Laurent Fabius préconise d’aller plus loin encore, en l’espèce en bannissant le mot “islamiste”. Invité ce dimanche matin du Grand Rendez-vous Europe 1-iTélé-Le Monde, le ministre des Affaires Etrangères précise sa pensée :
Je n’aime pas… Je ne veux pas faire le censeur, mais je pense que l’expression islamiste – et j’en avais aussi fait la remarque dans l’expression Etat islamique – est probablement pas celle qu’il faut utiliser. J’appelle ça des terroristes. Parce dès lors que vous utilisez le mot islam, vous favorisez une espèce de vision de continuité entre le musulman, qui pratique sa religion qui est une religion de paix, et puis quelque chose qui serait une certaine interprétation de la religion musulmane.
De fait, Laurent Fabius est attaché de longue date à ce combat lexical. En septembre 2014, le patron du Quai d’Orsay avait invité le gouvernement et la classe politique à suivre son exemple. Il s’en était expliqué ainsi lors d’une question à l’Assemblée nationale consacrée à l’Etat islamique, le groupe djihadiste qui a fait main basse sur une partie de l’Irak et de la Syrie :
Le groupe terroriste dont il s’agit n’est pas un état. Je recommande de ne pas utiliser l’expression état islamique car cela occasionne une confusion : Islam, islamistes, musulmans. Il s’agit de ce que les arabes appellent « Daesh » et de ce que j’appellerais les « égorgeurs de Daesh ».
Des précautions sémantiques dont ne s’embarrassent pas tous les responsables politiques. À l’instar du député socialiste Malek Boutih, qui a même parlé d'”islamo-nazisme” vendredi 9 janvier. […]