Addendum :
Sorti de prison en 2011, Farid Benyettou a intégré l’Institut de formation des soins infirmiers (Ifsi). Une de ses collègues de formation, qui a souhaité garder l’anonymat, nous raconte le personnage.
«On a commencé la formation le 6 février 2012, et on a su dès la première semaine qui il était : quelqu’un dans la promotion a tapé son nom sur Google, et un article du Monde de 2005 est sorti sur la filière du XIXe. Il faut dire qu’il est super-populaire et qu’il a été élu délégué de promo au semestre 5. Il ramène des bonbons et des malabars à tous les cours. Il est gentil. Il rigole.
«J’ai parlé avec lui [de son passé judiciaire]. Je ne savais absolument pas comment aborder le sujet. Mais lui en a parlé assez ouvertement. Il était même étonné que personne ne lui en ait parlé plus tôt, il n’attendait que cela. Pour lui, c’est un aspect normal de sa vie. Il dit qu’à l’époque, les médias ont vachement exagéré sur ce qui s’était passé. Il nous a expliqué que lui ne faisait que donner des cours de religion, et qu’ensuite, ce n’était pas sa faute si des mecs allaient se faire péter là-bas [en Irak ou en Syrie]. Il se dédouanait.
«D’après ce qu’il m’a dit, il est contre tuer des civils ; seulement des militaires. D’après une copine, il fait la formation pour ensuite aller en Syrie comme infirmier soigner des blessés, mais je ne sais pas si c’est vrai….
La reconversion est inattendue pour l’ancien “émir” de la “filière des Buttes-Chaumont”, aux côtés duquel les frères Kouachi se sont radicalisés. Selon Le Parisien, Farid Benyettou est, depuis décembre, infirmier stagiaire à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, l’un des établissements qui a accueilli les victimes de l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo.
Sous son autorité, dans les années 2000, la “filière des Buttes-Chaumont” visait à envoyer des jihadistes en Irak dans les rangs de la branche irakienne d’Al-Qaïda. En 2008, lors de son procès, l’homme avait écopé de six ans de prison ferme.
Sorti de détention en 2011, Farid Benyettou s’est ensuite inscrit à une formation au sein d’un Institut de formation des soins infirmiers, raconte Le Parisien. “Elève studieux et discret” selon les témoignages recueillis par le journal, il a récemment intégré le service des urgences de la Pitié-Salpêtrière.
Après les attentats terroristes de ces derniers jours, sa présence surprend certains de ses confrères. “Selon les règles du ministère de la Santé, on ne peut pas prétendre à un poste d’infirmier avec un casier judiciaire chargé”, assure au Parisien un collègue d’un autre service.