01/02/08
Mohamed Sifaoui, le journaliste à l’origine des fouilles au restaurant Royal Wok, est l’auteur d’un reportage controversé sur le milieu asiatique. Par le passé, son travail lui a déjà valu de vives critiques.
Lorsque les policiers en charge du dossier Estelle Mouzin ont reçu l’information de Mohamed Sifaoui, en décembre 2007, ils l’ont évidemment prise en compte. Cependant, ils se sont posé une question : pourquoi les alerter maintenant alors que les confidences recueillies datent de l’été ? Le « témoin » explique qu’il ne savait trop comment traiter ce tuyau. Peut-être voulait-il s’accorder le temps de l’exploiter lui-même, enquêter plus avant puis sortir un scoop. L’hypothèse a été envisagée à cause de la personnalité de l’Algérien Mohamed Sifaoui, un réfugié politique dont les investigations ont été plusieurs fois sujettes à caution. Comme par hasard, alors qu’il fournit à la police les noms des découvreurs du cadavre d’enfant à Brie-Comte-Robert, il fait au même moment l’objet de vives critiques dans la communauté asiatique ; une cinquantaine d’associations dénoncent son reportage diffusé par TF1, le 27 novembre, dans Le Droit de savoir. Sifaoui y présentait notamment un membre de la mafia chinoise, qu’il avait infiltrée, et sa caméra cachée filmait des scènes dignes d’un « Scarface » pékinois.
Mafioso et acteur ?
C’est aussi en décembre 2007 que ledit mafioso, répondant au patronyme guère exotique d’Alexandre Lebrun, dépose plainte contre le journaliste : sur France 5, chez Paul Amar, son avocat Franck Serfati explique que Lebrun est un acteur et que Mohamed Sifaoui a payé un intermédiaire, Romain Wu, pour arriver jusqu’à lui ; un contrat a même été signé (*). Le réalisateur crie aux mensonges visant à le discréditer. TF1 et les éditions du Cherche-Midi, qui a décliné le reportage sur papier, lui renouvellent leur confiance.
Comme l’avait fait France 2 en 2004 lorsque l’intellectuel suisse Tariq Ramadan avait tenté d’interdire la diffusion d’un portrait jugé à charge, signé Sifaoui, qui avait témoigné contre lui lors du procès opposant Ramadan à Lyon Mag. La Télé suisse romande avait d’ailleurs renoncé à l’exploiter, considérant qu’on pouvait difficilement être témoin à charge et journaliste objectif. La RTBF a de même refusé son enquête intitulée « J’ai infiltré une cellule islamiste », estimant que des scènes posaient un problème de crédibilité. Après la diffusion en France, l’année 2005, l’islamologue Olivier Roy avait émis de sérieuses réserves à l’émission Arrêt sur images.
(*) Source : Phoenix TV qui, comme de nombreux médias chinois, a enquêté sur les conditions de tournage de Mohamed Sifaoui. Le contrat évoqué est montré et détaillé sur http://itv.ifeng.com et www.tvdz.com, la télé du Maghreb.
Le reportage bidon de Mohamed Sifaoui sur la mafia Chinoise