Pour l’ancien ministre des affaires étrangères, Hubert Védrine, «le rôle historique des musulmans de France commence».
Et si c’était par une sorte de catharsis, et maintenant, que naissait du drame sublimé en ce mois de janvier l’islam républicain de France, pas seulement celui des “institutions” ou des “notables” mais celui du peuple musulman de France, bien que beaucoup d’entre eux ressentent un malaise évident, grâce au cadre structurant, protecteur et propice de la République ?
Les Français ont réagi de façon magnifique aux tueries liberticides et antisémites de Charlie Hebdo et de Vincennes. Ils ont montré qu’ils comprenaient que la liberté satirique était au cœur de la liberté d’expression, et même des libertés tout court. […]
C’est pourquoi le président et le premier ministre ont eu raison de dire que les participants viendraient dimanche en tant que citoyens et pas à l’appel d’organisations. Mais n’est-il pas manifeste que la vieille stratégie de stigmatisation du Front national, même si elle est moralement compréhensible, a échoué ? Sans parler des sondages, chaque élection le démontre. […]
Le piège principal, sémantique et réel, dont il nous faut sortir, nous, y compris les musulmans de France, soumis au chantage des mouvements extrémistes, est celui de l’imbroglio islam/islamistes/islamophobie. Ce n’est plus possible de continuer à faire comme si les nouveaux nihilistes ne se réclamaient pas d’une interprétation de l’islam, et non du terrorisme en général, ou d’une autre religion révélée […].
Cette affreuse tragédie peut donner aux musulmans de France un rôle historique, une occasion exceptionnelle de s’affranchir ou des colères (fussent-elles justifiées) , d’éradiquer les dérives mortifères ; […]
