Le psychiatre Michel Debout, auteur du livre Le Traumatisme du chômage, a plaidé lundi pour la mise en place d’une “médecine préventive des chômeurs“, sur le modèle de la médecine du travail.
“Il faut qu’il y ait une médecine préventive des chômeurs, comme il y a une médecine préventive du travail“, a déclaré M. Debout, lors d’une conférence de presse de présentation de son ouvrage, qui sort jeudi aux éditions de l’Atelier.
Dans son livre, il préconise une première consultation médicale “dans les deux à trois mois qui suivent la perte d’emploi”, puis un deuxième rendez-vous “à six mois” pour les chômeurs dont l’état risque de se dégrader ou “après un an de chômage” pour les autres. Enfin, un “dernier examen de prévention sera prévu deux ans après la perte d’emploi” pour orienter le chômeur, si besoin, “vers des soins au long cours”.
La médecine préventive des chômeurs “peut être le fait du médecin du travail ou d’un autre médecin, y compris généraliste, dès lors que cette intervention est pensée comme s’inscrivant dans ce moment de la perte d’emploi”, a précisé Michel Debout.
“Le chômeur n’est pas malade, il est dans une situation traumatique, dans un risque. C’est pour ça qu’il faut avoir un regard préventif“, explique-t-il. “L’important“, selon lui, “c’est que quelqu’un puisse dire au chômeur: Vous avez été traumatisé, vous pouvez en parler, ce n’est pas honteux.”
Mais “la réponse ne peut pas être exclusivement médicale“, prévient-il. “C’est l’ensemble des acteurs qui doivent être sensibilisés: Pôle emploi, les acteurs associatifs, la famille, le réseau social qu’il y a autour de la personne…”
Selon les données de Pôle emploi, le chômage touchait en novembre 3,75 millions de personnes en France, 5,48 millions en incluant les demandeurs d’emploi exerçant un petite activité.
Les chômeurs sont “deux fois abandonnés“, déplore Michel Debout: “abandonnés par leur entreprise et abandonnés par la société à travers les questions que l’on peut se poser sur leur santé“.
Psychiatre et professeur de médecine légale, Michel Debout est aussi un spécialiste du suicide. Il a longtemps plaidé pour un Observatoire national du suicide, finalement créé en 2013.