Jacques Brami, 63 ans, habitant de Sarcelles (Val d’Oise), de confession juive, raconte pourquoi il a décidé de faire son alyah, sa “montée” en Israël.
Le terrorisme existe aussi en Israël. La grande différence, c’est que là-bas on sait que le pays entier est concerné quand on attaque des juifs.
“Chaque coup porté à un juif est un coup porté au peuple de France” (Ségolène Royal)
Et vous-même, vous allez passer à l’acte?
Chez nous c’est dans notre esprit depuis très longtemps. Ce ne sont pas les événements qui nous poussent à faire l’alyah mais cela accentue un peu les choses, c’est vrai. Dans la tête de beaucoup de juifs, l’idée de faire l’alyah est omniprésente. Après, il y a le moment propice. Ce qui s’est passé ce week-end, précipite encore plus notre calendrier. On s’était dit qu’on allait essayer de faire notre alyah fin 2015, début 2016. On se dit maintenant qu’on va essayer de la faire plus tôt.
Beaucoup de gens dans la communauté juive disent que les Juifs n’ont plus leur place en France, est-ce votre point de vue?
Non. Nous sommes en danger, l’insécurité est croissante, l’antisémitisme aussi mais je ne suis pas aussi alarmiste que certains de mes coreligionnaires qui disent qu’il n’y a plus rien à faire en France, qu’il faut partir. C’est vrai que les événements de la semaine dernière me font un peu changer d’avis mais malgré tout le juif en France n’est pas si malheureux que cela. Bien sur, quand je vais à Stains, Saint-Denis, je fais attention, je ne porte pas ma kippa sur la tête, je préfère mettre une casquette ou un bonnet.
On est beaucoup plus méfiant, beaucoup plus vigilant. Évidemment, on continue à aller à la synagogue, à faire shabbat, à aller manger dans des restaurants casher. La vie continue. Mais on a perdu le sourire. Aujourd’hui, il est normal et légitime que les Juifs de France se tournent vers Israël à cause de la peur, de l’insécurité et de l’antisémitisme.
Vous n’avez pas peur du terrorisme qui existe aussi en Israël?
Bien sur que c’est pas non plus facile. On est tout à fait conscient. On le sait pour avoir une fille en Israël. On sait que ce n’est pas facile pour elle et son mari, que la vie est difficile. […]