Fdesouche

L’Italie a t-elle payé la somme de 12 millions d’euros pour libérer ses otages? Une polémique a éclaté au parlement à propos de déclarations faisant état du paiement d’une rançon pour les 2 aides humanitaires retenues en Syrie.

By Simon Tomlinson 



De violents débats ont éclaté aujourd’hui en Italie après des déclarations affirmant que

le gouvernement avait versé une rançon de 12 millions d’euros pour libérer deux aides humanitaires détenues en Syrie.

Greta Rameli, 20 ans et Vanessa Marzullo, 21 ans, sont rentrées ce matin à Rome après qu’elles aient été capturées par des militants du groupe Jabhat al-Nusra en août dernier, un groupe supposé affilié à Al-Qaeda.

La nouvelle de leur retour a été applaudie au Parlement, mais il a également amené de sévères critiques de la part de l’opposition après que des médias arabes ont laissé entendre que 12 millions d’euros avaient été payés.

Les gouvernements européens, y compris en Italie, ont longtemps toléré, voire facilité le paiement de rançons afin d’assurer la libération de leurs otages bien que cette pratique fasse l’objet de démentis officiels.

Matteo Savini, le chef du parti de la Ligue du Nord a déclaré sur Twitter :
“si le gouvernement a réellement payé une rançon de 12 millions d’euros pour libérer les deux amies des Syriens, c’est écœurant !”

Lucio Malan, un dirigeant du parti de centre-droit Forza Italia, a déclaré quant à lui que le gouvernement devrait donner des explications si une rançon a été payée.

“Si la rançon a été versée pour sauver deux vie certes estimables, alors des milliers d’autres, toutes aussi estimables, seront mises en danger”.

“Le paiement de rançons va encourager les terroristes, les structures fantoches comme le soit-disant Califat ainsi que les simples criminels à prendre des italiens en otage, où qu’ils se trouvent”, a t-il ajouté.

Le ministre des affaires étrangères Paolo Gentiloni a écarté ces déclarations comme étant “sans fondement”, mais n’a pas directement démenti qu’un tel versement avait eu lieu.

Il a affirmé devant la chambre basse que l’Italie était contre le paiement de rançons et qu’elle suivait les us et coutumes de la communauté internationale en la matière.

Mais il a ajouté : “lorsque qu’il arrive que des italiens soient pris en otages, notre priorité est de sauvegarder la vie et l’intégrité physique de nos compatriotes”.

L’affaire a toutefois pris une  importance inhabituelle après que des islamistes aient tué 17 personnes à Paris et 2 jours après que la police Belge ait abattu 2 hommes au cours d’une opération menée contre un groupe islamiste.

L’an passé, un article du New York Times affirmait que depuis 2008, Al-Qaeda et les groupes affiliés avaient touché 125 millions de dollars grâce aux rançons payées par les intermédiaires des gouvernements européens.

Les deux femmes, originaires de Lombardie, dans le nord de l’Italie, avaient disparu le 31 juillet dans le Nord-Est de la Syrie aux environs d’Alep, trois jours après leur arrivée depuis la Turquie.

Elles avaient été capturées en août par des militants de Jabhat al-Nusra, un groupe considéré comme proche d’Al-Qaeda alors qu’elles distribuaient de l’aide humanitaire à Alep.

Légèrement souriantes et la tête couverte, les deux femmes ont été conduites dans le hall de l’aéroport sans un mot ou un signe pour les journalistes.

Après un bilan médical  l’hôpital, les deux femmes ont rencontré le juge anti-terroriste qui avait ouvert une information sur leur enlèvement.

“Je ressens comme une grande joie : c’est la nouvelle que j’attendais depuis longtemps”, dit Salvatore Marzullo, père de Vanessa, depuis son restaurant à Verdello, près de Bergame, au nord-est de l’Italie, après la nouvelle de leur libération.

“Je suis, si heureux”, a t’il dit à l’agence AGI news.

Sur Twitter, le ministre de l’intérieur Angelino Alfano a accueilli  la nouvelle “avec une grande joie et un énorme soupir de soulagement”.

Rameli et Marzullo avait été capturées par des miliciens dans la province d’Alep alors qu’elles travaillaient pour l’ONG Horryati, spécialisée dans les projets de santé et d’eau potable.

Elles avaient été vues pour la dernière fois le 31 décembre sur une vidéo mise en ligne qui les présentait vêtues de robes noires et la tête voilée,

pressant le gouvernement italien de faire tout ce qu’il pourrait pour les ramener à la maison.

Le titre de la vidéo postée sur YouTube était : “Le front Al-Nusra détient deux employées italiennes à cause de la participation de leur gouvernement à la coalition contre lui”. Mais la vidéo n’avait été postée sur aucun des comptes officiels appartenant à Al-Nusra qui est la branche syrienne d’Al-Qaeda.

Le ministère italien des affaires étrangères ne s’est pas étendu sur l’identité de ceux qui détenaient les deux femmes, mais il a réfuté les informations de leur détention par l’État islamique.

Avec la libération des deux femmes, il reste encore 2 italiens portés disparus dans des conflits outre-mer : le prêtre jésuite Paolo Dall’Oglio qui a été enlevé en Syrie en juillet 2013 et le travailleur humanitaire Giovanni Lo Porto, disparu dans la zone tribale entre le Pakistan et l’Afghanistan en janvier 2012.

Les deux hommes sont sans doute morts.

L’an passé, l’Italie a assuré la libération de 2 agents du bâtiment détenus en Libye et le pays a la réputation de payer des rançons pour obtenir le retour à la maison sain et sauf de ses citoyens.

Une pratique qui a suscité la controverse avec certains de ses alliés de l’OTAN, principalement la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, qui avancent que

ces paiements ne font qu’encourager de prochains enlèvements et viennent  financer ,en définitive,les attaques terroristes.

En théorie, l’Italie s’est engagée au sommet de l’OTAN de septembre 2014 à ne pas payer de rançons, mais les médias laissent entendre qu’il y a bien eu un versement dans le cas libyen. Les autorités italiennes ont présenté ce dernier comme étant le fait d’activités criminelles plutôt que le fruit du travail de terroristes endurcis.

Une posture qu’il sera peut être difficile de conserver s’il apparait que les deux femmes étaient bien dans les griffes d’Al-Nusra ou de l’État islamique.

(Traduction libre par Fortune)

dailymail.co.uk

Fdesouche sur les réseaux sociaux