Addendum : l’économie vénézuélienne plombée par la chute des prix du pétrole
Addendum : conséquence de la grave pénurie qui touche les biens de première nécessité, des files d’attente se forment devant les supermarchés et les pharmacies
Pour Krisbell Villarroel, mère célibataire de 22 ans avec deux filles de cinq ans et un an, le quotidien se résume désormais à un réveil matinal, des heures à faire la queue, puis la revente des produits achetés auprès de ses clients, qui paient un supplément pour récompenser ses efforts.
“Tous les jours il faut se lever à 2 heures du matin”, raconte-t-elle à l’AFP, dans la cuisine de sa modeste maison de la banlieue de Caracas.
Dès l’aube, les premières files d’attente se forment devant les supermarchés et les pharmacies. […]
Car au Venezuela, près d’un produit basique sur trois manque, car dans ce pays qui applique un strict contrôle des changes depuis 2003, les entreprises n’ont souvent pas les dollars nécessaires pour importer les biens ou pièces indispensables à la production.
Pendant ce temps, les prix des produits disponibles s’envolent, avec une inflation de 64% sur un an en 2014.
Ces derniers jours, face à des files d’attente toujours plus longues et l’éclatement de quelques échauffourées, le gouvernement a ordonné aux forces de sécurité de surveiller les supermarchés d’État et privés.
Jamais Caracas n’a connu de fins de mois aussi difficiles. Le premier pays pétrolier par les réserves, qui a besoin de quelque 20 milliards de dollars pour 2015, ne peut même plus réellement compter sur ses amis.
La Chine à laquelle le président Nicolas Maduro vient de rendre visite lui a alloué quelque 42 milliards de dollars au cours des dernières années et a été pour l’instant remboursée avec du pétrole à hauteur de la moitié de ses engagements. Cette fois, elle n’a promis que des investissements, pas de ligne de crédit nouvelle.
Quant aux pays producteurs de pétrole démarchés par Maduro, ils ne veulent pas entendre parler d’un sommet extraordinaire de l’Opep, ni d’une coordination accrue sur les prix.
Résultat, les comptes du Venezuela, qui avait construit son budget avec une hypothèse de prix du baril de 100 dollars, sont dans le rouge vif. A moins d’un accord de dernière minute avec des nouveaux créditeurs comme le Qatar, le pays est au bord du défaut de paiement.
Si cette situation devait se concrétiser, « les risques de contagion sont minimes », estime néanmoins Christian Deseglise d’HSBC. Dépassé par cette situation, le pays vient de se faire dégrader par Moody’s à Caa3. Cet abaissement fait suite à ceux de Fitch Ratings (à CCC) et de Standard & Poor’s (à CCC +).
Mais au-delà, il s’ajoute surtout à cette situation un climat social explosif. Avec une inflation de plus de 60 % et des pénuries criantes de denrées alimentaires que le pays ne peut plus importer, la colère de la rue menace d’éclater à tout moment.