Samedi soir lors de son spectacle, il a fait mine de tirer sur son public à l’aide d’une arme factice en disant : « Si je dégomme un journaliste, juif de surcroît, ils rouvrent le Procès de Nuremberg ».
(…) Avant le spectacle, le public avait été appelé, en boucle, à «participer à un concours de quenelle». Photographes et cameramen avaient été cantonnés à l’extérieur du site.
«Il a été long le chemin pour arriver jusqu’à vous. Merci à vous d’être là», a lancé, à son arrivée, Dieudonné qui avait revêtu la combinaison orange des prisonniers de Guantanamo, les mains entravées par des chaînes. Le décor est minimaliste. La salle l’ovationne debout, huant François Hollande et Manuel Valls dont les portraits sont projetés sur des écrans. «Je sors de garde à vue», se vante-t-il, lâchant qu’«ils» aillent tous «se faire en…» Les spectateurs exultent. Se posant en bouc émissaire, il ne s’étend pas sur ses propos après les attentats, qui lui valent de comparaître pour apologie du terrorisme, en correctionnelle, le 4 février à Paris.
Comme à son habitude aussi, il s’en prend aux médias, pour qui il est «le diable donné et une espèce d’antéchrist». «Il faut un méchant dans le film, mais qui incarne le bien?» questionne-t-il. Ni Obama, ni Hollande, dont les noms sont jetés en pâture, ne trouvent grâce aux yeux des spectateurs. Provocateur, il se saisit d’un fusil factice, «un Famas fabriqué en France». «Il n’a pas servi la semaine dernière», assure-t-il. L’allusion au massacre ramène à des images sanglantes, mais ne semble pas gêner son public.
Une nouvelle fois, il multiplie les sous-entendus, compare le génocide des Indiens à la Shoah, brocarde les juifs, cible particulièrement le journaliste Patrick Cohen qui l’a défié, testant sans cesse les limites de la liberté d’expression. Agitant l’arme, il fait mine de tirer sur les premiers rangs. «Si je dégomme un journaliste, juif de surcroît, ils rouvrent le Procès de Nuremberg», ironise-t-il entre deux rires, encouragé par les applaudissements. Manifestement, ces 3500 là – dont, loin s’en faut, tous ne semblaient pas venir de «quartiers» – ne sont «pas Charlie». D’aucuns avaient observé que malgré la présence de 45.000 manifestants, dimanche dernier à la marche républicaine, Strasbourg n’avait pas fait le plein pour une ville et une agglomération de son importance.[…]