La Désintégration, de Philippe Faucon, c’est le film dont le souvenir a jailli de la mémoire des cinéphiles, au lendemain de l’attentat du 7 janvier contre Charlie Hebdo et des journées sanglantes des 8 et 9 janvier. Cela fait trois ans que cette fiction est sortie en salles, mais les images sont tenaces.
Son scénario, nourri par une longue enquête de terrain, est tristement prémonitoire. Une cité dans l’agglomération Lilloise, aujourd’hui. Ali, Nasser, qui a un casier judiciaire et le sang chaud et Nico , un petit Blanc en perdition, qui se fait appeler Hamza, tous âgés d’une vingtaine d’années, font la connaissance de Djamel, dix ans de plus qu’eux.
Aux yeux d’Ali et ses amis, Djamel apparaît comme un aîné aux propos acérés et au charisme certain. Habile manipulateur, il endoctrine peu à peu les trois garçons, connaissant mieux que quiconque leurs déceptions, leurs failles et leurs révoltes face à une société dans laquelle ils sont nés, mais dont aucun des trois ne pense plus désormais faire partie. trois jeunes basculent dans l’islam fondamentaliste, succombant au charisme d’un jeune prêcheur.
Ali, interprété par Rashid Debbouze, jeune frère de Jamel, tombe de haut quand il se persuade qu’avec son nom de famille il ne trouvera pas de stage. Il n’écoute plus que le prêcheur : dans le triptyque « Liberté, égalité, fraternité » de la République française, il faut comprendre « fraternité entre les Blancs », dit-il.
Philippe Faucon se souvient de « débats extrêmement violents dans toutes les commissions où il a été proposé. Le film a failli ne pas se faire. Il y avait la peur de stigmatiser, d’entretenir des fantasmes », raconte le cinéaste. Si La Désintégration a marqué les esprits, il n’a pas rencontré le grand public, ne réalisant que 55.000 entrées. […] Cette fois-ci, ça a mordu. La chaîne franco-allemande Arte est en négociation pour acheter les droits du film. Elle pourrait le diffuser dans quelques mois, au moment de la sortie du prochain long-métrage de Philippe Faucon, “Fatima”, produit avec le soutien d’Arte, et actuellement en postproduction.
