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Hafida vit dans une petite ville du sud de la France. Un peu plus de soixante ans, les yeux pétillants de malice. “Je me suis faite toute seule, j’ai quitté l’Algérie dans les années soixante dix”.

Devant un “petit noir ” elle m’explique qu’elle ne veut plus retourner en Algérie où pourtant elle a encore de la famille, car son plaisir est de pouvoir aller au café chaque matin. Mais Hafida reste en contact avec sa famille en Algérie, et n’oublie pas d’où elle vient. Elle dit : “Ma guerre à moi c’est de réhabiliter la mémoire de mes ancêtres, la France nous a tout prit jusqu’à la Nationalité que pourtant nous méritions”.

D’un père employé de Mairie, et d’une mère Infirmière à l’hôpital Mustapha, elle vivait la vie d’une jeune fille choyée par ses parents. Petit rat à l’opéra d’Alger, cours d’Art dramatique, elle avait tout pour être heureuse, mais se sentait malgré tout un peu à l’étroit dans sa ville natale. Homme de culture, son père finit par l’émanciper à l’âge de dix neuf ans. Pour elle, c’était le suicide ou la fugue .

A son arrivée à Paris, elle habite un bidonville du coté de Colombes. Elle exerce différents métiers : vendeuse, surveillante de pensionnat, femme de ménage dans une Synagogue. Mais Hafida s’ennuie très vite dans la vie, et décide de suivre des cours du soir, et finit par décrocher un diplôme de graphiste-maquettiste de l’école Estienne.

Elle travaille ensuite pour les parfumeurs Serge Lutens et Shisheido, puis très vite gagne la confiance de directeurs artistiques comme ceux de la galerie Everarts au passé prestigieux et collabore avec eux. De très grands peintres exposèrent à la galerie Everarts, certains actuellement au Musée d’Art Moderne, y ont exposé leurs toiles, des sculpteurs, leurs oeuvres. C’est une femme de caractère.

A la retraite, Hafida décide donc de faire reconnaître la nationalité française de sa famille. Il s’agit de reconnaissance et non pas de réintégration.

Napoléon III par décret du Senatus-consult avait attribué la nationalité Française à son quadri-aïeul en 1866, document qu’elle avait en sa possession. Il lui fallait maintenant, retrouver la lignée complète de ses ancêtres depuis 1885 à nos jours. Huit générations ! Commence alors un véritable marathon administratif.

L’Administration française se montre peu encline à coopérer, et quand il s’agit pour elle de mettre son nez dans l’état civil, et vu l’ampleur de la tâche, elle s’entend dire : “Faite vos papiers en Algérie ! ” En effet les actes qu’elle retrouve en Algérie corroborent ceux qu’elle a réussi à glaner en France.

Petit à petit, elle réunit 128 documents qui tendent à prouver que son aïeul et sa descendance sont Français, et cela depuis 1866.

Soutenue par une avocate, elles s’attaqueront à l’administration française et à ses tribunaux. L’Etat français exige des preuves, et n’apprécie guère la démarche, il exige des photos, des diplômes, etc.. La procédure n’est pas toujours aisée: la transcription en français de noms arabes ou berbères produit des erreurs, l’aïeul s’est contenté d’un mariage religieux non transcrit à l’état civil, les greffes algériens ne fournissent que des copies de jugements.

Fautes d’orthographe, problèmes de transcription entre l’arabe et le français, ne les empêchent pas d’obtenir gain de cause et de faire reconnaître la nationalité française à deux cent personnes de sa famille. Mais comme on a rien sans rien, les démarches auront coûté la coquette somme de 25.000 Euros pour chaque branche de la famille de Hafida.

En juin 2006, le Consulat de France à Alger comptait plus de cent mille demandes de réintégration dans la nationalité française. La demande a explosé à partir du milieu des années 1990 sous la pression du terrorisme et de la crise économique qui frappaient l’Algérie, explique à l’AFP un avocat de Seine-Saint-Denis qui a plaidé de nombreux dossiers au TGI de Paris.

On parle aussi de falsification d’arbre généalogique, contrats de mariage, ou extrait d’acte de naissance qui seraient fabriqués.

Les tribunaux français chargés de se prononcer sur ces nationalités par filiation sont assiégés. Même quand la requête est légitime, il faut des années de délais.

kabylie-news.com

Merci Ramir

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