Extraits d’une tribune de Nathalie Mons (Professeur de sociologie à l’université de Cergy-Pontoise et présidente du Conseil national d’évaluation du système scolaire) sur «l’apartheid scolaire».
La France est un pays où il ne fait pas bon apprendre pour les enfants de l’immigration.
Osera-t-on dire qu’il faut développer le vivre-ensemble et le pratiquer dans notre école par des politiques publiques ?
Plus les écoles sont ségréguées, plus les problèmes de santé des jeunes, leur consommation de stupéfiants, les incivilités, les maternités précoces, l’intolérance vis-à-vis de l’étranger ou plus généralement de l’altérite… progressent.
Oui il existe en France des « black schools » qui scolarisent majoritairement des élèves issus de l’immigration. Notre système scolaire produit du séparatisme ethnique et social. Dans leur ouvrage sur L’Apartheid scolaire (Seuil, 2005), les sociologues Georges Felouzis, Françoise Liot et Joëlle Perroton ont levé ce tabou. Nous sommes en 2005, les statistiques ethniques n’ont pas droit de cité. La ségrégation ethnique n’est toujours pas mesurée de manière officielle.
Coïncidence, un diagnostic sur la mixité sociale vient d’être commandé pour la première fois aux responsables locaux de l’éducation nationale. Cette ségrégation ethnique croise, bien sûr, la ségrégation sociale dans nos écoles. Elles résultent de ségrégation résidentielle mais aussi de stratégie d’évitement dans le choix de l’établissement de la part des parents. […]