Enquête sur les musulmans de Gaillac, qui se sentent incompris de la population autochtone.
Pour le président de la mosquée de Gaillac, dissimulée dans la zone industrielle, “les gens ne veulent pas voir la vérité”. “L’islam, c’est pas une pensée, c’est pas une philosophie: c’est un mode de vie”, souligne-t-il. “Le voile est une prescription religieuse, mais pas la burqa (vêtement qui dissimule entièrement la femme, NDLR). Demander à une femme d’enlever son voile, c’est arracher une partie de son identité religieuse”.
“Notre religion n’est pas connue dans ce pays, les autres Français ne sont pas au courant“, déplore Sana, une jeune maman employée dans une école de Gaillac, une ville du Tarn de 13.000 habitants à forte communauté musulmane présente dans la région depuis des dizaines d’années. Française d’ascendance marocaine, cette institutrice regrette des rapports polis mais froids avec ses concitoyens, même si elle s’estime “intégrée” grâce à son travail.
Mohamed fréquente la mosquée Abou Bakr Essedik, achevée il y a cinq ans dans un style mauresque et “toujours ouverte à tous”, selon son président Youssef Bajjou. Marocain arrivé en France il y a deux ans après avoir épousé une Française de même ascendance, il vit entouré de voisins indifférents. “De faibles échanges, sans boire de café ensemble comme chez nous, où au moins bavarder, se connaître”. Sans travail, il fréquente ses beaux-parents et quelques étrangers.
Certains disent à l’AFP que les médias n’aident pas à la compréhension entre communautés. Fatme (nom d’emprunt), 21 ans, Gaillacoise, étudiante en droit à Toulouse, explose: “Quand on voit ce qu’il y a à la télé, on ne peut qu’être raciste envers les musulmans ! “, dit-elle. “Le problème des Français c’est qu’ils ne comprennent rien à l’islam“.
“La France, pays de liberté où le voile est interdit ? Personne ne comprend ! , clame-t-il. Comment voulez-vous qu’un musulman se reconnaisse Français quand il n’a pas les mêmes droits ? Cette république ne nous accepte pas comme nous sommes: elle veut que nous soyons comme elle veut et c’est pas de la liberté“. […]