Le dessinateur Ali Dilem qui aime brocarder le régime algérien a été condamné à mort par les “islamistes radicaux”. Depuis, il vit reclus et s’inquiète pour la France.
Ali Dilem est un dessinateur qui inspire la loi : en 2001, le Code pénal algérien s’est enrichi d’une disposition surnommée “amendement Dilem”, une disposition législative qui prévoit jusqu’à un an de prison pour offense au président de la République ou aux corps de l’État. Ce texte, taillé sur mesure pour le dessinateur du journal Liberté, aurait dû lui faire passer l’habitude de caricaturer les généraux du régime algérien. […]
Même s’il vit reclus et caché, il refuse qu’on le présente comme “le dessinateur algérien menacé”. Venu à Paris pour enterrer ses amis de Charlie Hebdo, le caricaturiste a accepté d’évoquer sa vie quasi clandestine à Alger. Il préférerait ne pas avoir à la raconter. “J’ai longtemps considéré que cela revient à jouer le jeu des islamistes“, nous explique-t-il. Il n’empêche. Il décrit avec pudeur la peur, qu’il a appris à maîtriser, cette hantise qu’il conjure en dessinant tant qu’il peut.
Mais cela n’a pas marché. Selon ses dires, il aime toujours les croquer : “Gros, moustachus, un peu moches et avec des mouches qui leur tournoient autour de la tête.” Jusqu’ici, il a toujours échappé à la prison. Son humour grinçant l’a conduit plus de 50 fois devant les juges, à l’occasion de procès intentés par le pouvoir. Les islamistes radicaux ont eu moins d’égards. Ils n’ont pas eu besoin de procès pour le condamner à mort. Pourtant, Ali Dilem n’a jamais caricaturé de prophète. Tout juste a-t-il dessiné, un jour, une main sortant d’un nuage. Cette suggestion lui vaut des haines tenaces qui le poursuivent encore aujourd’hui sous la forme de menaces répétées. […]