Après les attentats de Paris, comment doit-on réagir ? Choisissant de se focaliser sur la laïcité et l’école, Rama Yade, ancienne secrétaire d’Etat sous l’ère Sarkozy et conseillère régionale UDI d’Ile-de-France, s’est attaquée au droit des mères voilées d’accompagner les enfants lors de sorties scolaires.
Si Manuel Valls croit, avec sa politique de peuplement, que les classes moyennes vont revenir dans ces quartiers, il rêve : cette mixité-là, elles n’en veulent plus.
Vous pointez la laïcité : qu’est-ce que l’on a raté de ce point de vue ?
Le dernier renoncement en date, je dirais même la dernière défaite pour la laïcité, c’était cette décision du ministère de l’Education nationale d’autoriser les femmes qui accompagnent les sorties scolaires à être voilées.
Ce n’est pas à l’école de s’adapter aux cultures, aux différences. Encore une fois, on laisse l’école affronter, seule, les atteintes multiples, variées et violentes à la laïcité. Ce sont les fondements de notre nation qu’on ébranle.
Faut-il revenir à une laïcité plus dure ?
Il faut appliquer la laïcité, point ! Nous devons cesser de renoncer à nos propres valeurs car le fanatisme prospère de nos lâchetés. Pourquoi faudrait-il que l’Etat forme des imams ? C’est une atteinte au principe de séparation de l’Eglise et de l’Etat. C’est aux organisations représentatives de l’Islam de le faire, et avec des imams français. D’ailleurs, ces organisations devraient être plus représentatives car elles n’ont absolument aucune audience chez les jeunes. Il sera alors nécessaire pour l’Etat de passer un nouveau contrat avec elles, dans un respect beaucoup plus ferme des principes de laïcité. Victor Hugo disait : “L’Etat chez lui, l’Eglise chez elle”.
A propos des quartiers difficiles, Manuel Valls a parlé d'”apartheid”. Qu’avez-vous pensé de cette comparaison ?
Aucune loi raciale n’a été voté en France comme en Afrique du Sud, donc on ne peut pas employer ce mot au sens propre du terme. En revanche, dans beaucoup de quartiers, la réalité est ainsi vécue. Les populations les plus vulnérables vivent dans des quartiers qui n’ont plus rien de mixte et que les services publics comme les entreprises ont désertés. Nous avons là une bombe à retardement, une génération perdue, coincée entre les caïds et les salafistes. Il faut y mettre le paquet. Non pas en y versant des milliards pour se donner bonne conscience, ça fait 30 ans qu’on le fait, mais en arrêtant les renoncements et en se focalisant sur l’essentiel : l’école et la laïcité.