Ils sont six devant leurs juges, quatre hommes et deux femmes à l’allure disparate. Il y a W.F. et B.F., deux cousins, qui dominent largement le groupe par leur stature, mais qui restent très en retrait des débats. S.M., calvitie naissante et air renfrogné, jure qu’il ne sait ni lire ni écrire. Ces trois-là appartiennent à la communauté des gens du voyage, qu’une avocate de la défense prend soin de distinguer : « Ce ne sont pas des Roms, ni des gitans ! D’ailleurs, ils se sédentarisent… » À en croire l’accusation, ils sont revenus voler du métal sur le site d’Arcelor Mittal à plusieurs reprises, d’octobre 2010 à la mi-2011.
Le premier vol se déroule le 7 octobre : 12 tonnes de nickel envolées, pour une valeur de 200 000 euros. Le 17 novembre 2010, rebelote : 11 tonnes de cuivre d’une valeur de 80 000 euros disparaissent. Pour mettre fin à ces agissements, des caméras de surveillance sont installées sur le site. Peine perdue : le 7 décembre, l’entrepôt est à nouveau visité et les 9 dernières tonnes de cuivre se volatilisent […]
Difficile par exemple d’expliquer comment S.M., commerçant ambulant de son état, a pu investir dans une maison à 214 000 euros avec son maigre RSA et quatre enfants à nourrir. Il tente quand même de s’expliquer, parle d’un héritage, de la revente de voitures… et même de la crise des subprimes ! « J’ai touché un héritage et j’ai gagné au loto. Mais c’était le moment où les banques s’effondraient, j’ai eu peur, j’ai tout retiré et gardé chez moi. Je l’ai remis sur un compte quand j’ai voulu acheter ce pavillon… » […]
Le procureur partage cet avis et requiert 30 mois ferme contre B.F., 12 mois ferme pour W.F. et 20 mois ferme pour S.M. Délibéré le 23 février.
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