Fdesouche

Addendum 8 février 2015 : Ils sont une centaine à être venus au rendez-vous à l’Institut du monde arabe à Paris. Graphistes, grapheurs, citoyens en tout genre… A midi trente, ils sont venus chercher des affiches, des seaux de colle et des pinceaux pour tapisser Paris d’un seul mot d’ordre : « Coexist ».
(…) Le Monde
——————————————————–
Cela ne leur a pas plu, ce grand gars à la voix douce et à la barbe fournie d’un imam, qui collait sur le mur une affiche en pied de lui-même photographié en djellabah avec, à côté, le mot « coexist » – Un croissant musulman pour le C, une étoile de David pour le X, et une croix chrétienne pour le T. Samedi 30 janvier, porte Dorée à Paris, les quatre jeunes lui ont demandé d’effacer l’inscription. L’homme a refusé, alors ils l’ont roué de coups. Epaule démise, des bleus douloureux et huit jours d’incapacité totale de travail (ITT), mais « rien de cassé »

Combo a 28 ans. Il n’est pas religieux. Il est « street artiste ». (…) Né à Amiens d’un père libanais chrétien et d’une mère marocaine musulmane, Combo est l’aîné d’une fratrie de quatre garçons. (…) Après la tuerie de Charlie Hebdo, c’est encore en djellabah qu’il se rend à la manifestation du 11 janvier. Une caricature pour sortir de la caricature dans laquelle on le cantonne. « Au début, je croyais que j’étais français, j’ai vite compris que j’étais arabe, puis beur… Maintenant, on me dit que je suis musulman », dit-il en haussant les épaules devant son croque-monsieur jambon. Combo va dès lors intervenir sur les murs de Paris pour essayer de donner la parole à une communauté qui se sent mal entendue. A Chatelet, il inscrit en anglais : « Savez-vous que les musulmans finissent leurs prières par amen, comme les juifs et les chrétiens ? » « Tu peux écrire ça, lui disent les jeunes qui s’agglutinent, mais tu n’écris pas “Je suis Charlie”. »
Lui qui veut jouer l’œcuménisme se retrouve coincé dans la crispation générale d’une société perdue dans ses repères républicains. « C’est la dés-intégration française », dit-il. La moindre proposition devient une menace, les clans identitaires poussent plus vite que l’ombre qu’ils redoutent. (…) Lui-même refuse de se perdre en conjectures sur l’identité de ceux qui l’ont agressé. « Cela ne ferait que mettre de l’huile sur le feu. » Et maintenant, avec ce bras droit en écharpe ? « Bien sûr que j’ai peur. Mais j’ai dit que j’étais Charlie, et je le suis toujours. Et puis, sourit-il, dommage pour eux, je suis gaucher. »
Le Monde

Fdesouche sur les réseaux sociaux