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20/11/14

Christophe Soullez est criminologue et dirige le département de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) à l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ). Il est l’auteur de “Histoires criminelles de la France” chez Odile Jacob, 2012
et de “La criminologie pour les nuls” chez First éditions, 2012.


Atlantico : Le gouvernement a annoncé des chiffres de la délinquance en baisse, sur la base des chiffres fournis par le Service statistique ministériel de sécurité intérieur, et selon des nouvelles méthodes annoncées comme “sans équivoque”. Ces méthodes de recensement des actes de délinquance sont-elles fiables ? Qu’est-ce qui a changé ?

Christophe Soullez : Ces chiffres ne sont pas ceux de la délinquance mais ceux des crimes et délits enregistrés par les services de police et les unités de gendarmerie. Ce sont des données d’activité qui ne reflètent pas le niveau de la délinquance car, pour de nombreuses infractions, les victimes ne vont pas déposer plainte. C’est donc la première erreur d’interprétation commise. Les méthodes n’ont pas véritablement changé, du moins dans l’état actuel des éléments en ma possession. C’est vraisemblablement toujours le même outil statistique qui est utilisé à savoir ce que nous appelons “l’état 4001”.
Ce qui a changé ce sont les logiciels de rédaction des procédures dans la police et la gendarmerie. Ces modifications, toujours, en cours ont entrainé des perturbations de l’outil statistique car les pratiques d’enregistrement évoluent. C’est d’ailleurs pourquoi les statistiques policières sont aujourd’hui encore plus difficilement interprétables.
Les anciennes manières de comptabiliser les chiffres de la délinquance étaient-ils forcément plus fiables ? Est-on finalement incapable de mesurer correctement la délinquance en France ?
La délinquance ne se mesure pas qu’à l’aune des statistiques policières mais surtout à travers les déclarations des victimes faites dans le cadre de l’enquête nationale de victimation réalisée depuis 2007 par l’INSEE et l’ONDRP. Ce sont ces deux outils qui nous permettent de disposer d’une vision en tendance des évolutions des principaux phénomènes criminels, sachant que pour des infractions touchant les personnes physiques eh dehors des homicides, l’enquête de victimation est le véritable outil de référence. Ce qui a surtout changé en matière de délinquance enregistrée, c’est le fait que les policiers et les gendarmes subissent moins de pression sur les chiffres et que par conséquent ceux-ci sont surement mieux enregistrés.
(…) Atlantico

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