Seul un étudiant pauvre sur cinq décroche au moins une licence aujourd’hui outre-Atlantique. Une proportion qui ne s’est pas améliorée depuis un demi-siècle.
Si la part des étudiants aisés qui terminent avec succès leurs études universitaires n’a cessé de progresser aux États-Unis depuis un demi-siècle, ce n’est pas le cas, loin de là, de celle des étudiants les plus modestes.
Tel est l’inquiétant constat que viennent de dresser l’université de Pennsylvanie et l’Institut Pell pour l’Étude des chances dans l’enseignement supérieur dans ce rapport sur les «Indicateurs sur l’équité dans l’enseignement supérieur aux États-Unis» de 1970 à nos jours (voir ci-dessous). Et qui pose en sous-titre la dérangeante question : «Quand les États-Unis vont combler le fossé de la réussite académique selon le niveau de revenus ?»
Selon les conclusions du rapport, 77% des moins de 24 ans issus du quartile le plus riche de la population (dont les revenus de la famille dépassent 108 650 dollars par an) ont décroché au moins une licence (bachelor degree) en 2013 contre 40% en 1970. Soit près du double en 45 ans… A l’inverse, seuls 9 % des personnes provenant du quartile le plus pauvre (dont les revenus de la famille vont jusqu’à 34 160 dollars par an) ont réussi à obtenir au moins un bac +3 alors qu’ils n’étaient que 6 % en 1970. Une progression très limitée pour une aussi longue période.
Signe positif toutefois, plus d’étudiants pauvres s’inscrivent à l’université aujourd’hui qu’en 1970. En effet, 45% des 18-24 ans les plus pauvres l’ont fait en 2012 contre seulement 28% en 1970. A l’autre extrémité, 81% des jeunes issus des familles les plus riches se sont inscrits en 2012 contre 74% 45 ans plus tôt. A l’entrée dans l’enseignement supérieur, le fossé tend à se réduire. C’est après que les choses se gâtent.
Seul un étudiant pauvre sur cinq ont en effet décroché une licence en 2013. Un chiffre qui n’a pas bougé en un demi siècle ! Chez les étudiants les plus aisés, en revanche, ce taux a quasiment doublé passant de 55% en 1970 à 99% en 2013… Le coût des études explique en bonne partie ce grand écart malgré les aides mises en place par l’administration Obama et les bourses octroyées par les universités à l’égard des étudiants les plus modeste. le chemin risque d’être encore long pour que l’éducation, «qui est est l’un des leviers disponibles pour réduire les inégalités liées aux revenus», rappelle Laura Perna, directrice du programme Penn, donne à tous la possibilité de réaliser le rêve américain.
Le rapport de l’université de Pennsylvanie et de l’Institut Pell.
Les Echos