Editorial de Laurent Joffrin dans Libération
Esprit du 11 janvier, es-tu là ? Autour de cette question, les analystes électoraux ont bâti leurs pronostics. La réponse est là, mais elle est ambiguë. Certes, la victoire du PS dans le Doubs montre que les événements du début de l’année ont rendu aux électeurs de gauche un début de fierté et un commencement d’espoir. […]
Mais l’étroitesse du succès montre que ces digues sont des plus fragiles. Le FN n’était pas loin de l’emporter dans cette vieille circonscription socialiste. La gauche a senti le vent du boulet : elle doit se livrer au plus vite à un examen de conscience. Les électeurs du Doubs sont souvent membres des classes populaires, qui sont les premières à souffrir des difficultés économiques et qui sont rebutées par une politique gouvernementale à l’opposé de leurs préférences. Mais l’explication, si elle est juste, est insuffisante. La gauche de la gauche, qui cloue sans cesse au pilori le «social-libéralisme» du couple Valls-Hollande, n’en a tiré aucun avantage. Le Doubs est loin de l’Attique…
C’est donc bien qu’il y a autre chose. La candidate du FN s’est contentée de dénoncer «l’islamisme» : elle a failli gagner avec ce seul viatique.
Les questions d’immigration et d’islam – la politique de l’identité, comme disent les Anglo-Saxons – sont bien au cœur du malaise français. Quelle laïcité ? Quelle République ? Quelle intégration ? Sans réponse claire à ces questions enchevêtrées, la gauche court au-devant de cruelles déconvenues.