L’écrivain et philosophe estime que l’islamisme profite de la faiblesse d’une Europe techno-libérale qui a rejeté ses racines gréco-latines et ses ailes juive et chrétienne. […]
Cette trop bonne conscience et cet aveuglement idéologique sont en train de préparer pour bientôt, sinon la guerre civile, du moins le suicide de l’Europe.
La première chose qu’il faut constater, c’est que les terroristes des récents attentats de Paris sont des Français, qu’ils ont grandi en France et ne sont pas des accidents ni des monstres, mais des produits de l’intégration à la française, de vrais rejetons de la République actuelle, avec toute la révolte que cette descendance peut induire.
[…] Comment ces jeunes n’ont-ils pas eu l’impression d’avoir accompli leurs aspirations les plus profondes en travaillant pour Coca-Cola, en faisant du skate board, en jouant dans le club de foot local? Comment leur désir d’héroïcité, de contemplation et de liberté ne s’est-il pas senti comblé par l’offre si généreuse de choisir entre deux plats surgelés, de regarder une série américaine ou de s’abstenir aux élections? Comment leurs espérances de pensée et d’amour ne se sont-elles pas réalisées en voyant tous les progrès en marche, à savoir la crise économique, le mariage gay, la légalisation de l’euthanasie? Car c’était précisément le débat qui intéressait le gouvernement français juste avant les attentats: la République était toute tendue vers cette grande conquête humaine, la dernière sans doute, à savoir le droit d’être assisté dans son suicide ou achevé par des bourreaux dont la délicatesse est attestée par leur diplôme en médecine…
Comprenez-moi: les Kouachi, Coulibaly, étaient «parfaitement intégrés», mais intégrés au rien, à la négation de tout élan historique et spirituel, et c’est pourquoi ils ont fini par se soumettre à un islamisme qui n’était pas seulement en réaction à ce vide mais aussi en continuité avec ce vide, avec sa logistique de déracinement mondial, de perte de la transmission familiale, d’amélioration technique des corps pour en faire de super-instruments connectés à un dispositif sans âme…
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C’est une évidence incontournable: notre faiblesse spirituelle se répercute sur la démographie; qu’on le veuille ou non, la fécondité biologique est toujours un signe d’espoir vécu (même si cet espoir est désordonné, comme dans le natalisme nationaliste ou impérialiste).
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Ce qui détermina jadis le Général de Gaulle à octroyer son indépendance à l’Algérie fut précisément la question démographique. Garder l’Algérie française en toute justice, c’était accorder la citoyenneté à tous, mais la démocratie française étant soumise à la loi de la majorité, et donc à la démographie, elle finirait par se soumettre à la loi coranique. De Gaulle confiait le 5 mars 1959 à Alain Peyrefitte: «Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante? Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées!»
Il y a certes une libération de la femme dont nous pouvons être fiers, mais lorsque cette libération aboutit au militantisme contraceptif et abortif, la maternité et la paternité étant désormais conçus comme des charges insupportables pour des individus qui ont oublié qu’ils sont d’abord des fils et des filles, cette libération ne peut que laisser la place, après quelques générations, à la domination en nombre des femmes en burqa, car les femmes en mini-jupes se reproduisent beaucoup moins.
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Au fond, les djihadistes commettent une grave erreur stratégique: en provoquant des réactions indignées, ils ne réussissent qu’à ralentir l’islamisation douce de l’Europe, celle que présente Michel Houellebecq dans son dernier roman (paru aussi le 7 janvier), et qui s’opère du fait de notre double asthénie religieuse et sexuelle. À moins que notre insistance à «ne pas faire d’amalgame», à dire que l’islam n’a rien à voir avec l’islamisme (alors qu’aussi bien le président égyptien Al-Sissi que les frères musulmans nous disent le contraire), et à nous culpabiliser de notre passé colonial -à moins que toute cette confusion nous livre avec encore plus d’obséquiosité vaine au processus en cours.
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