Tribune de Jean-Yves Le Gallou
Le FN doit passer l’UMP à la centrifugeuse.
Les élections législatives du 8 février 2015 dans la quatrième circonscription du Doubs sont sans appel : entre la Caste et le FN, il n’y a plus rien.
Les élections législatives du 8 février 2015 dans la quatrième circonscription du Doubs sont sans appel : entre la Caste et le FN, il n’y a plus rien. Et qui mieux que le PS libéral-libertaire pour représenter la Caste ? Personne !
“Il ne faut pas oublier que le problème de l’immigration reste un moteur puissant ; et bien davantage par ses aspects identitaires et sécuritaires qu’économiques.”
Personne car l’UMP n’a plus d’identité : quoi de commun entre ces parangons du politiquement correct que sont Juppé et NKM, Larcher et Bussereau (et même le contorsionniste qatari Sarkozy) et les électeurs du Doubs dont beaucoup se sont reportés sur la candidate du Front national ? Rien.
Le FN peut espérer l’emporter en 2017 ou en 2022, mais à une condition : plumer la volaille UMP pour affronter au second tour le candidat du Parti socialiste.
Ainsi, l’arithmétique électorale du FN est simple : une voix prise à l’UMP vaut deux voix prises au PS. Parce qu’une voix prise au PS, c’est seulement une voix de plus face à l’UMP, alors qu’une voix prise à l’UMP, c’est deux voix de plus face à l’UMP : une en moins pour l’UMP, une en plus pour le FN !
Et que dans un deuxième tour UMP/FN, la quasi-totalité des voix PS se reportent sur l’UMP, alors que dans un deuxième tour PS/FN, les voix UMP se partagent, principalement entre l’abstention et le vote FN.
L’intérêt du FN est donc d’éviter tout dogmatisme idéologique et d’apporter une offre politique susceptible de rassurer les électeurs de l’UMP.
Il s’agit bien sûr du discours identitaire et sécuritaire. Surtout du discours identitaire, d’ailleurs, puisque tout le monde aujourd’hui fait du sécuritaire (y compris dans ce que le sécuritaire a de pire : le liberticide). De ce point de vue, il ne faut pas oublier que le problème de l’immigration reste un moteur puissant ; et bien davantage par ses aspects identitaires et sécuritaires qu’économiques.
Il s’agit aussi du discours conservateur en termes de valeurs : de ce point de vue, Marion Maréchal-Le Pen, Nicolas Bay et Bruno Gollnisch ont eu raison d’être présents aux puissantes manifestations sociétales de 2013/2014. Loin d’être des néos-ringards, ils se sont placés à l’avant-garde des nouveaux cycles historiques (épuisement du cycle des Lumières, épuisement du cycle de Mai 68).
Enfin, en matière d’économie, la critique de la mondialisation néo-libérale et du capitalisme multinational doit s’accompagner d’un discours audible par les Français au travail : ouvriers, employés, artisans et petits patrons. De ce point de vue, certaines mesures démagogiques – comme le retour de la retraite à soixante ans (alors que l’espérance de vie continue d’augmenter) – pourraient être remisées : ne serait-ce que pour éviter d’offrir des arguments faciles aux politiciens UMP !
Au-delà des bégaiements post-républicains du XIXe, définir un grand projet pour le XXIe siècle : tel est l’un des enjeux des prochaines élections présidentielles. Marine Le Pen a un excellent soliste ; pour gagner, elle doit se placer à la tête d’un orchestre symphonique.