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Laetitia Strauch est diplômée de l’École normale supérieure, chroniqueuse au Point etcollabore à divers Think Tanks. Extraits d’une tribune sur les “incivilités” dans les transports en commun.

Ces anecdotes expriment un problème bien plus fondamental, que les attentats de Paris ont fait ressurgir, et qui pointe régulièrement son nez vers la surface avant de replonger dans le néant, tant la peur d’évoquer ces sujets nous étreint : en France, aujourd’hui, de nombreuses personnes d’origine étrangère, souvent musulmanes, Françaises ou non, bien que sans aucun lien avec l’islamisme, n’ont pas choisi la voie de l’intégration.

Prenez le TER dans le sud de la France, entre Nîmes et Montpellier par exemple, et vous y assisterez à des scènes consternantes. La dernière fois, c’était un jeune homme qui prenait à témoins ses voisins, vraisemblablement à propos des aides publique s: «Ouais vous les Français, vous êtes vraiment pas généreux!». Ce monsieur était d’origine maghrébine, parlait français couramment, et il était peut-être même Français. Les autres passagers feignaient de ne rien entendre. De telles scènes, de pires mêmes, on m’en a racontées tant d’autres, mais bien peu d’entre nous ne s’en rend compte, surtout à Paris, car la ségrégation y est telle que la population du RER de banlieue a peu de chance de croiser celle du métro.
Il y a certains quartiers de villes françaises, où les populations d’origine maghrébine, souvent musulmanes, sont majoritaires, et où les femmes, d’origine étrangère ou non, savent qu’elles ne peuvent se promener seules. Quand elles le font, elles font l’objet d’insultes à connotation sexuelle qui n’ont rien à voir avec la drague à la française. Si elles ont le malheur de porter une jupe au-dessus du genou et des talons, c’est mille fois pire. Si elles ont l’idée saugrenue de rétorquer quelque chose, dieu sait ce qui peut leur arriver. Alors elles se taisent et soit n’y mettent plus les pieds, soit, si elles sont condamnées à y vivre, acceptent d’arborer un accoutrement informe pour pouvoir survivre. On se rappelle aussi le documentaire qu’avait tourné Sofie Peeters sur le sujet, Femme de la rue, en 2012.
Lorsque je raconte ces anecdotes à mes connaissances, leur réaction est d’emblée incrédule, voire méprisante. Au pire suis-je, évidemment, intolérante; au mieux me dit-on que le retour de la croissance pansera ces plaies. Vraiment? Tous ces discours sont stratosphériques au regard de la réalité crue et quotidienne que vivent nombre de Français aujourd’hui. […] Le Figaro

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